Idéaux du Moi et transgressions délictuelles à l'adolescence
Ideals of self and transgressions tort in adolescence
par Erwan QUENTRIC sous la direction de François MARTY
Thèse de doctorat en Psychologie
ED 261 Cognition, Comportements, Conduites Humaines

Soutenue le jeudi 28 novembre 2013 à Université Paris Descartes ( Paris 5 )

Sujets
  • Délinquance juvénile
  • Idéal du moi
  • Identité (psychologie) chez l'adolescent

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Mots clés
Idéal du Moi, Délinquance, Transgressions, Adolescence
Resumé
A partir d'une pratique clinique auprès de mineurs suivis dans un cadre judiciaire pénal, nous avons choisi d'aborder les problématiques de transgressions délictuelles à l'adolescence sous un angle interprétatif un peu décalé par rapport à celui, plus habituel, d'un défaut de régulation du Surmoi, en nous intéressant aux articulations dynamiques et topiques de celui-ci avec les instances idéales que sont le Moi-idéal et l'Idéal du Moi. Il apparaît pertinent de distinguer ces deux concepts, l'un étant le substitut du narcissisme primaire, constitué de fantasmes d'autarcie, d'omnipotence et de satisfaction absolue, l'autre étant l'héritier du complexe d'œdipe, fondé à travers l'élaboration du complexe de castration, et nourri des identifications aux objets parentaux idéalisés. Le Moi-idéal engage des mouvements de régression narcissique et apparaît comme un antagoniste du Surmoi, alors que l'Idéal du Moi soutient la maturation du Moi et, dans un développement normal, est amené à s'intriquer progressivement avec le Surmoi jusqu'à former un système Surmoi-idéal. Le Moi-idéal est le substitut du narcissisme primaire à partir de la reconnaissance de l'objet. L'Idéal du Moi peut être considéré comme le substitut du Moi-idéal dont il reprend les aspirations mais en se soumettant aux limites du désir que constituent l'épreuve de réalité, le sentiment de culpabilité et la castration symbolique. Nous soutenons avec d'autres auteurs que si l'Idéal du Moi s'ébauche au décours du complexe d'œdipe, il ne se structure véritablement qu'au cours du processus d'adolescence. Sa structuration s'étaye sur l'axe des relations d'objet isogénériques, c'est-à-dire concernant le parent du même sexe puis ses substituts, et ce à deux niveaux : à un niveau dyadique de relation, non ambivalente, et à un niveau triadique, ambivalent et œdipien. L'Idéal du Moi peut être considéré comme l'aboutissement de l'élaboration du complexe d'œdipe négatif, élaboration qui ne se réalise véritablement qu'à l'adolescence. L'étude clinique d'adolescents auteurs de transgressions délictuelles, sur un registre sexuel et/ou agressif, met en évidence l'existence de perturbations psychiques liées à des traumatismes et à des dysfonctionnements familiaux durant l'enfance de ces sujets, perturbations renforcées par le processus d'adolescence lui-même. L'articulation dynamique et topique entre instances en est atteinte. On peut ainsi repérer dans la séquence qui entoure le délit une alternance, plus ou moins radicale selon les cas, entre sentiment de triomphe et effondrement narcissique, signant respectivement les effets du Moi-idéal et du Surmoi archaïque. L'hypothèse centrale est que l'émergence d'actes délictuels n'est pas le signe d'une faiblesse du Surmoi, celui-ci apparaissant au contraire très actif aussi bien dans des registres de fonctionnement névrotique que limite ; l'apparente inefficience du Surmoi apparaît plutôt comme le résultat d'isolations, voire de clivages à l'intérieur du système Surmoi-idéal, et/ou d'une intensification du mouvement d'identification au Moi-idéal, mouvements défensifs qui érodent les effets interdicteurs du Surmoi. Ces mouvements défensifs peuvent être rangés sous ce que nous nommons une position perverse, investie régressivement ou révélant une inélaboration de la position dépressive et de la triangulation œdipienne.