Resumé |
Alors que 2% à 3% de l'ensemble de la population française est, ou a été, concernée par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) en tant que mineur, peu de recherches s'intéressent à cette partie de la société. Associé à cela, le système de la protection de l'enfance apparaît comme complexe et obscur pour une grande partie de la population, et également pour des partenaires comme les soignants.Au sein de cet univers qui évolue en quasi parallèle de la société, 164000 mineurs, en 2018, étaient séparés puis placés en dehors de leur foyer en France. Seuls 800 d'entre eux étaient séparés puis hospitalisés en Accueil Familial Thérapeutique (AFT). Puisque ces accueils sont des lieux rares et peu approchés par la recherche, et que l'ensemble des mineurs accompagnés par l'ASE, souvent à l'interface entre psychiatrie-psychologie-somatique-sociale, ont une place difficile à établir, la mise en place d'une étude nous a semblé nécessaire. Pour cela, nous avons évalué au travers d'une étude transversale et rétrospective, le devenir à l'âge adulte, d'enfants séparés de leur famille puis admis dans 4 AFT de secteurs pédopsychiatriques. Les critères d'inclusions étaient les suivants : âgé de plus de 20 ans lors de l'étude ; accueilli en AFT au moins de 8 ans ; sorti de l'AFT depuis au moins de 3 ans.Selon ces critères 33 participants ont été inclus. Ils étaient âgés de 26.73 ans (±3.25), avaient été séparés de leurs parents à 21.73 mois (±13.25) et admis en AFT à 30.27 mois (±17.40). L'évaluation quantitative utilise les outils suivants : Mini International Neuropsychiatric Interview, Retentissement Fonctionnel et Socio-affectif, CaMir (attachement) et Edicode (narrativité). La partie qualitative utilise la Théorisation Ancrée (TA). Au total, ce groupe de 33 participants présente une narrativité, des représentations d'attachement et un profil socio-économique comparables aux résultats dans la population générale.Le soin apporté, en moyenne durant 13 ans (±2.10), est significativement associé à un meilleur devenir à l'âge adulte, lorsqu'il est lié a une séparation parents-enfant avant 18-25 mois.Le soin paraît avoir permis une reprise d'une subjectivation qui avait été entravée par des liens à caractère inaménageable et désorganisants. Malgré la constatation dans nos résultats d'un devenir satisfaisant, l'ensemble des participants soulignent par le biais de l'analyse par la TA, l'abandon des institutions à l'âge adulte, et la nécessité d'un entretien bilan quelques années après le placement. Nos résultats qualitatifs associés à la littérature sur le sujet contribuent à l'importance d'un programme d'accompagnement systématique entre 18 et 25 ans pour tous les anciens mineurs placés. |