Mots clés |
Burkina Faso, Politique, Ethnographie, Topographie, Maison, Route |
Resumé |
Fondée sur une enquête de terrain menée dans des villages jàa du sud ouest du Burkina Faso, cette thèse s'attache à définir l'éligibilité au regard des deux formes socio-spatiales que sont la maison et la route. La maison se présente comme un espace de rivalités, qui ont été provoquées par l'émergence d'un nouveau lieu de pouvoir. Elle témoigne de la création de liens de parenté originaux, mais elle matérialise également l'existence d'une double métamorphose de la virilité dans la société jàa. Cette double métamorphose se caractérise par l'établissement de relations « érotiques » entre les sexes et par la monétarisation de la virilité guerrière. La route, forme socio-spatiale complémentaire et antagonique à la maison, est le lieu à l'origine de ces transformations. Elle incarne le désordre dans la production des hiérarchies politiques : elle figure la propension des candidats aux élections à semer rituellement le chaos lors des meetings politiques et elle est le site depuis lequel s'introduit la déstabilisation du pouvoir. Elle éclaire, en cela, la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014. Elle concrétise, plus largement, l'arrivée perçue comme menaçante de migrants Mossi dans les villages et le rôle de l'itinérance dans la révolution des hiérarchies politiques et initiatiques dans la société jàa. La maison et la route composent ainsi une dyade, permettant de décrire, selon une perspective topographique, les transformations des hiérarchies politiques dans une société ouest-africaine. Or, pour concevoir le caractère cadastrable des hiérarchies politiques, il faut situer, au centre de la relation des hommes au territoire, la médiation des croyances et des pratiques religieuses, plutôt que d'envisager une infrastructure économique au pouvoir. |