Déportation pour motif d'homosexualité et mouvement LGBT en France : évocations du passé, entre engagement militant et cadre institutionnel
Deportation for reason of homosexuality and the LGBT movement in France : evocations of the past, between activist commitment and institutional framework
par Reza Sam SEYDIEH sous la direction de Jan SPURK
Thèse de doctorat en Sociologie
ED 180 Sciences Humaines et Sociales : Cultures, Individus, Sociétés

Soutenue le jeudi 24 novembre 2016 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Guerre mondiale (1939-1945) -- Déportations d'Allemagne
  • Homosexuels -- Persécutions
  • Militantisme
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Mots clés
Sociologie du militantisme, Mouvement LGBT, Mémoire, Carrière militante, Déportation, Entrepreneur de mémoire, Action collective, Homosexualité
Resumé
Cette thèse interroge le sens donné à l'évocation d'un passé de persécutions au sein du mouvement LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel, Trans*) en France. Ce passé, communément appréhendé dans l'espace militant par le terme de déportation pour motif d'homosexualité, désigne la répression et la persécution des homosexuels et des lesbiennes pendant la période nazie et la Seconde Guerre mondiale. À partir d'entretiens biographiques avec des militant.e.s d'une dizaine d'associations LGBT, d'observations et de dépouillement d'un corpus de productions militantes (textes emblématiques, magazines, revues, productions internes des associations) depuis les années 1970, notre travail analyse l'articulation de l'évocation de ce passé à l'engagement dans ce mouvement. D'une part, notre recherche s'appuie sur les acquis de la sociologie de la mémoire pour examiner les formes de présence de ce passé (traces, souvenirs, évocations et commémorations) dans la sphère militante LGBT où il se transmet par divers canaux. D'autre part, nous nous appuyons sur la sociologie du militantisme. Mobilisant la notion de « carrière militante », nous examinons les logiques d'un engagement basé sur la référence à ce passé et les raisons d'agir des militant.e.s qui s'investissent dans des actions visant à faire reconnaître officiellement la déportation pour motif d'homosexualité. Tout d'abord, une analyse des discours et des pratiques liés au rappel de ce passé dans l'histoire du militantisme LGBT montre que les références communes élaborées autour de ce passé participent à la formation d'un registre d'engagement singulier. Il conjugue les évocations du passé de persécution avec la problématisation de l'expérience homosexuelle dans le présent. Les formes d'action et les dispositifs déployés par les militant.e.s LGBT pour inscrire le récit de cette déportation au sein des récits publics, notamment à travers l'investissement de la « Journée du souvenir des victimes et des héros de la déportation », se modifient au cours de l'histoire du militantisme LGBT. Ces transformations dépendent des contextes d'interaction avec la sphère des entrepreneurs de mémoire institutionnalisés et de l'évolution des politiques publiques de la mémoire. Les transformations historiques des actions visant l'inscription de la déportation pour motif d'homosexualité au sein des récits publics et l'hétérogénéité des carrières militantes de personnes impliquées dans ce processus rendent ainsi possible une analyse des évocations du passé dans leur complexité, qui s'écarte de celles, encore très courantes, qui appréhendent ces pratiques et discours en termes de « concurrence ». Ensuite, l'analyse des carrières militantes met en évidence que le processus de socialisation militante opère comme un vecteur de transmission et d'identification. Dans la sphère militante, la mémoire empruntée des enquêté.e.s interagit avec d'autres sources : d'une part, les souvenirs des rares survivants de la déportation pour motif d'homosexualité, d'autre part, les mémoires communes militantes produites au cours des luttes pour la mise en visibilité de ce passé ainsi que la mémoire historique en lien avec cette époque, construite par les militant.e.s au long de l'histoire du mouvement LGBT. Pour l'individu qui se socialise au sein des associations étudiées, le sens de l'évocation de ce passé s'élabore en interaction avec ces différents niveaux de la mémoire. Dans ce processus, les expériences individuelles de discrimination et d'homophobie peuvent être mises en perspective et historicisées en se référant à ce passé. L'investissement dans ce registre d'engagement et la construction du sens de son engagement reposent sur plusieurs facteurs : pluralité des expériences socialisatrices, caractéristiques des espaces d'engagement, engagements multiples des militant.e.s. Recourant à de multiples dispositifs, les militant.e.s aspirent à transmettre ce passé et d'y sensibiliser les gays et les lesbiennes et un public plus large.