Mots clés |
Deworm3, Ascaris lumbricoides, Ankylostome, Asthme, Respiration sifflante, Pollution de l'air intérieur, Foyers ouverts, Biomasse |
Resumé |
Contexte : L'Afrique est confrontée à une transition épidémiologique des maladies transmissibles aux maladies non transmissibles. Parmi ces derniers, on trouve les allergies et l'asthme dont l'un des symptômes est la respiration sifflante. Plusieurs facteurs peuvent potentiellement contribuer à la survenue de l'asthme, notamment des infections endémiques telles que les helminthiases, ainsi que des expositions environnementales, telles que la pollution de l'air intérieur. L'objectif de cette thèse était d'évaluer l'association entre la respiration sifflante et l'infection par les géohelminthes, en prenant en compte l'exposition à la pollution de l'air dans le contexte de l'étude Deworm3, un essai multicentrique comparant l'efficacité du traitement de masse communautaire avec l'albendazole pour interrompre la transmission des géohelminthes, en comparaison au traitement des enfants d'âge scolaire recommandé par l'OMS. Méthodes : En 2018, une enquête transversale diagnostique des géohelminthes a été réalisée auprès de 6153 résidents de Comé dans le cadre de l'étude Deworm3, Des données sur les facteurs de risque potentiels ont été recueillies, et des modèles mixtes ont été utilisés pour identifier les facteurs associés à l'infection par les géohelminthes. En 2020, un questionnaire ISAAC a été administré à 964 enfants de la cohorte de suivi longitudinal de l'essai DeWorm3 âgés de 6 à 14 ans, pour étudier l'association entre la respiration sifflante et l'exposition à la pollution de l'air intérieur ainsi qu'à d'autres facteurs potentiellement allergènes dont l'alimentation en tenant compte du statut d'infection par les helminthes . Résultats: En 2018, la prévalence globale de l'infection par les géohelminthes était de 5,3 %, dont 3,2 % pour l'ankylostome, 2,1 % pour Ascaris lumbricoides et 0,1 % pour Trichuris trichiura. L' ankylostomose était plus fréquente chez les adultes, tandis que l'ascaridiose était plus fréquente chez les enfants d'âge scolaire. Les facteurs associés à une prévalence et à une intensité plus faibles de l'ankylostomose étaient :l'âge préscolaire, le sexe féminin, l'antécédent de déparasitage au cours de l'année précédente, le faible niveau d'instruction, le milieu périurbain, des revêtements de sol naturels dans les maisons, l'accès à des toilettes améliorées et non partagées, des sources d'eau non améliorées situées loin du ménage. À l'inverse, les revenus plus faibles, l'activité agricole, la densité de population moyenne et la défécation à l'air libre étaient liés à une prévalence plus élevée d'ankylostomes. Les enfants d'âge scolaire étaient plus susceptibles d'être infectés par Ascaris lumbricoides que les adultes, et les femmes étaient moins susceptibles d'être infectées. En 2020, la prévalence des antécédents de respiration sifflante était de 5,2 %, celle de la respiration sifflante actuelle était de 4,6 % et celle de la respiration sifflante sévère était de 3,1 %. La prévalence des géohelminthes était de 5,6 % chez les enfants. Le statut d'infection et les infections de faible intensité par Ascaris lumbricoides, les foyers ouverts et le surpoids, étaient associés à la respiration sifflante actuelle et à la respiration sifflante sévère. L'utilisation de tourteaux de palme pour allumer le feu, le contact avec des animaux domestiques et/ou des rongeurs était associée à la respiration sifflante sévère. Conclusion : Les ankylostomes étaient les géohelminthes les plus répandus à Comé, les adultes servant de réservoir persistant. Les enfants infectés par Ascaris lumbricoides semblent présenter un risque élevé de respiration sifflante, dans un contexte de traitement de masse avec faible prévalence et intensité de l'infection. L'amélioration des méthodes de cuisson pour réduire la pollution de l'air intérieur, la modification des habitudes alimentaires pour éviter le surpoids et la diminution du contact avec les animaux pourraient contribuer à réduire le risque de respiration sifflante chez les enfants. |