Mots clés |
Services médicaux d'urgence, Épidémiologie, Arrêt cardiaque pré hospitalier, Réanimation cardio-pulmonaire, Réanimation de base, Défibrillateurs automatisés externes, Arrêt cardiaque relatif au sport, Survie |
Resumé |
L'arrêt cardiaque (AC) est un problème majeur de santé publique. Malgré une prise en charge très codifiée, le pronostic de l'AC est catastrophique, surtout en cas d'AC pré hospitalier (ACPH). La prise en charge de l'ACPH est basée sur le concept de chaîne de survie, composée de six maillons. Malgré les découvertes et avancées technologiques sur le plan médical, le taux de survie post ACPH reste inchangé depuis 2012. Il est recommandé aujourd'hui de mettre davantage l'accent sur les quatre premiers maillons de la chaîne de survie. C'est dans ce contexte que nous avons décidé de réaliser ce travail. L'objectif général était d'évaluer l'impact des prises en charge sur le pronostic des patients post ACPH. Tout d'abord en France, où nous avons étudié l'impact sur le pronostic neurologique à 30 jours post ACPH de l'arrivée précoce des services mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR). Puis en international, où nous nous sommes intéressés à l'impact sur la survie post AC relatif à la pratique du sport (AC-SP) de la réanimation de base par le témoin. Dans le premier article, nous avons utilisé la base de données multicentrique RéAC (Registre électronique des arrêts cardiaques). Les patients ont été classés en deux groupes. Le groupe dit d'arrivée précoce de la réanimation avancée (Advanced life support, ALS ; Early ALS, E-ALS) défini par l'arrivée du SMUR avant ou simultanément (différence de délais = 0) à celle des premiers secours. Tous les autres cas étaient considérés comme arrivée retardée de l'ALS (Delay ALS, D-ALS). Pour mieux comparer les deux groupes, nous avons mené des imputations multiples et effectué un score de propension par appariement. Dans le deuxième travail, nous avons réalisé une revue systématique de la littérature et une méta-analyse. Les critères de sélection des études étaient : (1) résultats concernant l'une des trois interventions (1a) présence ou non de témoin, (1b) réalisation ou non d'un massage cardiaque par témoin, (1c) utilisation ou non du DAE par témoin, (2) rapportant la survie (3) et présentant des données originales. Seules les études répondant aux trois critères ont été incluses. Le critère de jugement principal retenu était la survie. Dans le premier travail, sur les 20804 patients inclus dans l'étude, après appariement, 1929 patients dans le groupe E-ALS et 5543 patients dans le groupe D-ALS ont été analysés. Les patients du groupe E-ALS avaient significativement un moins bon pronostic neurologique à 30 jours (OR : 0,95 ; IC à 95 % : [0,93 ; 0,96]). Dans le deuxième travail, 28 articles ont été inclus. Les résultats combinés de la méta-analyse avec effet aléatoire ont montré un bénéfice significatif dans les trois groupes (niveau de preuve modéré) : présence de témoin (OR, 2,55 [IC à 95%, 1,48-4,37]; I2=25%; 9 études), massage par témoin (OR, 3,84 [95% à IC, 2,36-6,25]; I2 = 54%; 23 études) et utilisation du DAE par témoin (OR, 5,25 [95% à IC, 3,58-7,70]; I2 = 16%; 19 études). Le moins bon pronostic neurologique à 30 jours observé dans le groupe E-ALS de notre premier travail nous a fortement interrogé sur nos pratiques. Les difficultés rencontrées par les équipes SMUR du groupe E-ALS sont principalement liées à des problèmes techniques et d'organisation. La modernisation du système pré hospitalier semble être une piste d'exploration majeure. Le travail de synthèse de notre deuxième étude a permis de mettre en évidence l'impact significativement positif de la réanimation de base par le témoin sur la survie. Ces résultats soutiennent l'importance de poursuivre les efforts concernant la formation de la population générale à la réanimation de base et le déploiement des DAE accessibles au public. |