Resumé |
Introduction: L'arrêt cardiaque extrahospitalier (ACEH) est une des principales causes de décès. Peu d'études ont pu évaluer l'influence de l'âge en considérant simultanément l'ACEH adulte et pédiatrique. Le travail présenté décrit et compare l'évolution de l'incidence, la prise en charge et le devenir de l'ACEH pédiatrique et adulte selon l'âge et le sexe. Méthodes: Le registre du Centre d'Expertise de la Mort Subite collecte l'ensemble des ACEHs survenant à Paris et sa petite couronne depuis mai 2011. Les données colligées sont démographiques, préhospitalières et intrahospitalières. Ce travail s'articule en quatre parties. Premièrement, il s'agit de décrire l'incidence par tranche d'âge et par sexe. Pour cela, les taux des rapports d'incidence entre hommes et femmes (IRR) ont été évalués par tranche d'âge, à l'aide de modèles de régression binomiale négative. Les ACEHs survenus sur 2013-2018 ont été inclus dans cette étude. Les 2nde et 3ème parties portent sur les ACEHs survenus en 2011-2018. Les disparités liées à l'âge dans la prise en charge et la survie ont été évaluées via des régressions. Des analyses similaires ont été réalisées dans la 3ème partie pour l'étude des disparités entre sexes. La dernière partie est l'analyse des signaux électriques des défibrillateurs de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris. La performance des défibrillateurs, la dose d'énergie délivrée et le taux de compressions thoraciques (CCF) ont été étudiés. Leur association avec la survie a été évaluée par des régressions sur les signaux pédiatriques de 2010-2018 et adultes de 2017. Résultats: Sur 2013-2018, 23449 ACEHs ont été collectés. L'incidence évoluait exponentiellement avec l'âge, mais, à partir de 15 ans, l'IRR était constant, oscillant autour de 0,40. Après stratification (1-13ans, 13-50ans, 50-75ans, >75ans), cette différence entre sexes diminuait avec l'âge (>75 ans: IRR 0,75 [0,67;0,84]), bien qu'aucune différence ne fût observée à la ménopause (0,54 [0,49;0,59] vs 0,60 [0,56;0,64]). Entre 2011-2018, 18767 patients dont 360 (1,92%) enfants (1mois-18ans) et 1240 (6,61%) jeunes adultes (18-35ans) ont été inclus. Les différences principales entre les groupes résidaient dans l'étiologie et les disparités entre les sexes. Chez le jeune adulte et l'enfant, les traumatismes étaient plus fréquents (35,9% et 21,8%). Les disparités entre sexes augmentaient avec l'âge. Chez les adultes (>35 ans), les femmes étaient moins susceptibles que les hommes de recevoir de l'adrénaline (OR [95CI]: 0,79 [0,72;0,80]) ou une coronarographie (OR: 0,55 [0,49;0,61]). L'âge était négativement associé à la survie (OR: 0,55 [0,49;0,61]) mais chez l'enfant, la survie augmentait avec l'âge (P<0,001). Chez les adultes >35ans, les femmes survivaient moins que les hommes (P<0,001) alors que chez le jeune adulte et l'enfant il n'y avait aucune différence (P=0,749, P>0,999). L'analyse des signaux électriques a révélé une spécificité (Sp) de 99,8% et une sensibilité de 93,4% pour la fibrillation ventriculaire (FV) mais une Sp de 33,3% pour la tachycardie ventriculaire. Pour les patients en FV initiale, une efficacité de 83,1% a été atteinte au 1er choc. La dose d'énergie et le CCF étaient négativement associés à la survie. Après censure du CCF, aucune association n'a été décelée. Conclusion: Cette thèse donne un aperçu des disparités liées à l'âge et au sexe chez les enfants et les adultes. Le rapport des taux d'incidence femmes/hommes était constant à partir de l'adolescence suggérant l'absence d'effet significatif de l'âge de la ménopause. Les causes circonstancielles étaient majeures chez l'enfant et le jeune adulte contrairement à l'adultes plus âgé. Les différences entre les sexes en matière de de pronostic augmentaient avec l'âge. L'explication de ces disparités liées à l'âge et au sexe reste difficile en raison des nombreux facteurs rentrant en jeu. Une approche multidimensionnelle considérant le parcours de soins et les antécédents du patient semble nécessaire. |