Epidémiologie et génétique humaine de l'ulcère de Buruli
Epidemiology and human genetics of Buruli ulcer
par Quentin VINCENT sous la direction de Alexandre ALCAÏS
Thèse de doctorat en Génétique statistique
ED 420 Santé Publique

Soutenue le vendredi 28 novembre 2014 à Université Paris Descartes ( Paris 5 )

Sujets
  • Aspect génétique
  • Bénin
  • Épidémiologie
  • Ulcère de Buruli

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Mots clés
Maladie infectieuse, Epidémiologie, Génétique Humaine Mendélienne et Complexe, Mycobactérie, Mycobacterium ulcerans, Ulcère de Buruli, Bénin, Analyse de liaison, Défensine, Analyse d'association pangénomique, GWAS
Resumé
L'ulcère de Buruli (UB), infection à Mycobacterium ulcerans, troisième mycobactériose mondiale, connait une émergence rapide depuis 1980, essentiellement dans les pays d'Afrique subsaharienne. Jusqu'ici, les connaissances épidémiologiques sur l'UB étaient fondées sur des séries de cas cliniques non confirmés par laboratoire. Nous avons constitué la plus grande cohorte de cas confirmés à ce jour rassemblant plus de 1200 patients traités au CDTUB de Pobè au Bénin entre 2005 et 2011, afin de décrire l'épidémiologie clinique de la maladie et d'explorer l'architecture génétique de la susceptibilité à cette maladie. Les patients atteints d'UB sont des enfants (âge médian au diagnostic de 12 ans), présentant une lésion unique (96%), large (plus de 15 cm, 36%), ulcérative (66%) du membre inférieur (60%). Nous rapportons une présentation clinique atypique de l'UB, dans laquelle les patients présentent exclusivement une ostéomyélite à M. ulcerans. Le sex-ratio varie avec l'âge : les garçons sont majoritaires parmi les enfants (57% de patients masculins chez les moins de 15 ans), et les femmes parmi les adultes (33% de patients masculins). La présentation clinique dépend de l'âge et du sexe. 9% des patients masculins ont présenté une ostéomyélite contre 4% des patients féminins. Un an après la fin du traitement, 22% des patients présentent des séquelles fonctionnelles fixées. Une présentation clinique comportant une lésion oedémateuse, osseuse, de grande taille ou plusieurs lésions est significativement associée avec le développement de séquelles fonctionnelles (OR 7.64, IC95% [5.29-11.31]). Les patients coinfectés par le VIH ont un risque significativement plus élevé de développer un UB sévère (OR 2.77, IC95% [1.32-6.33]). Nous avons exploré l'architecture génétique de la susceptibilité à l'UB dans une perspective mendélienne et une perspective complexe. Le cas le plus sévère de la maladie observé dans ce centre appartient à une famille consanguine dans laquelle la ségrégation du phénotype suggère un défaut génétique mendélien récessif. Une analyse de liaison génétique par cartographie d'homozygotie suggère l'implication du locus des béta-défensines sur le chromosome 8 dans la pathogénèse de l'UB, et mène à l'identification d'une délétion homozygote ségrégeant parfaitement avec la maladie. Dans une perspective complexe, une étude d'association pangénomique a été réalisée après génotypage d'une cohorte de 400 cas et 400 témoins exposés sur plus de 2 millions de SNPs par la puce Illumina Omni2.5 et a permis l'identification de nombreux signaux d'intérêt. L'étude de réplication est en cours. La compréhension de la physiopathologie de l'infection à M. ulcerans est cruciale pour générer de nouvelles pistes thérapeutiques et vaccinales. La dissection du contrôle génétique de l'infection par l'hôte est en ce sens indispensable.