Troubles psychiatriques en période périnatale : facteurs environnementaux et génétiques
Psychiatric disorders in the perinatal period : environmental and genetic factors
par Sarah TEBEKA sous la direction de Caroline DUBERTRET et de Nicolas RAMOZ
Thèse de doctorat en Neurosciences
ED 158 Cerveau, Cognition, Comportement

Soutenue le mardi 16 mars 2021 à Université Paris Cité

Sujets
  • Complications de la grossesse
  • Dépression du post-partum
  • étiologie
  • Facteurs de risque
  • psychologie
  • Troubles bipolaires

Les thèses de doctorat soutenues à Université Paris Cité sont déposées au format électronique

Consultation de la thèse sur d’autres sites :

https://theses.hal.science/tel-04527226 (Version intégrale de la thèse (pdf))
Theses.fr (Version intégrale de la thèse (pdf))

Description en anglais
Description en français
Mots clés
Grossesse, Post-partum, Psychiatrie, Trouble de l'humeur, Dépression, Trouble bipolaire
Resumé
La période périnatale est une période à risque de pathologies mentales, et en particulier des troubles de l'humeur, uni- ou bipolaire. Ainsi, la dépression périnatale reste sous-diagnostiquée malgré des conséquences sévères pour les femmes et leurs enfants. Notre travail a consisté à mieux comprendre cette pathologie, ses déterminants mais également l'impact des grossesses sur l'évolution des troubles de l'humeur, à l'aide de 3 cohortes, françaises et américaine. Nous avons retrouvé une prévalence de la dépression périnatale à 10,8 % en population américaine. En population française, la prévalence de la dépression post-partum à début précoce était de 8,3 % et de 12,9 % pour la dépression du post-partum à début tardif, résultant en une incidence cumulée annuelle de la dépression du post-partum de 18,1 %. Ces données sont cohérentes avec les données de la littérature. En population américaine, le meilleur prédicteur de la dépression périnatale est une histoire personnelle de trouble psychiatrique, et en particulier un antécédent de dépression. Un antécédent personnel d'abus sexuel dans l'enfance et des antécédents familiaux de dépression étaient également associés à la dépression périnatale. Les événements stressants de la vie au cours de l'année écoulée, y compris le deuil et les violences conjugales, sont également des déterminants de la dépression périnatale. En population française, nous avons confirmé et affiner ces résultats. Ainsi, si la dépression du post-partum à début précoce et celle à début tardif partagent certains facteurs de risque communs, comme des antécédents personnels de trouble dépressif ou des événements de vie stressants pendant la grossesse, on peut distinguer début précoce et tardif par des corrélats socio-économiques, des événements de vie et des troubles psychiatriques associés. De même, le poids des antécédents familiaux semble plus important pour la dépression du post-partum à début tardif, ce que corroborent nos données génétiques ou une région du chromosome 20 comportant 10 marqueurs est spécifiquement associé à ce phénotype. Nous nous sommes ensuite intéressés au trouble bipolaire, d'une part à l'impact du nombre de grossesses sur l'évolution du trouble, d'autre part en caractérisant un sous-groupe de femmes ayant débuté le trouble par une dépression du post-partum. Ainsi, en population américaine, la parité au-delà d'un enfant était associée au trouble bipolaire de type I et à davantage d'épisodes hypomaniaque au cours du suivi. Cependant, il n'y a pas d'association avec le nombre d'épisodes thymiques passés, le taux d'hospitalisation ou le risque suicidaire. Par ailleurs, en population française, les femmes débutant un trouble bipolaire par une dépression du post-partum avaient une évolution plus favorable de la maladie, en particulier moins de tentative de suicide et moins d'épisodes dépressifs au cours de la vie. Cela peut refléter que ces femmes représentent un sous-groupe phénotypiquement homogène, avec des caractéristiques spécifiques. Ces travaux suggèrent que la parité ou le début dans le post-partum sont des marqueurs de bon pronostic d'évolution du trouble bipolaire. L'ensemble de ces résultats témoignent de la fréquence des troubles de l'humeur en période périnatale. Une bonne compréhension, avec en particulier la caractérisation de sous-groupes au phénotype plus homogènes et des déterminants mieux maitrisés, apparaissent comme des pistes permettant l'amélioration du dépistage et de la prise en charge des femmes.