| Resumé |
Le projet était de réaliser un environnement numérique permettant de rendre visible et tangible l'activité motrice des élèves en contexte scolaire. L'expérimentation, basée sur un cycle de course d'orientation, prend appui sur la théorie de l'énaction pour définir la relation circulaire entre l'action et l'émergence de la perception de l'environnement. Cette relation du point de vue du pratiquant est observée dans le contexte de l'action. Elle est évolutive tout au long du cours d'expérience du cycle d'apprentissage de l'activité motrice support. L'énaction prend appui sur une vision phénoménale du monde qui incorpore l'esprit dans les gestes techniques et le corps dans l'environnement et inversement si bien que la séparation entre le corps et la cognition, entre l'activité corporelle et l'environnement du modèle cartésien est interrogée, notamment dans le système éducatif français. Dans ce paradigme, les instruments de mesure du mouvement et les outils, notamment numériques, d'action sur ce monde donnent de nouveaux paramètres didactiques et pédagogiques pour l'enseignant pour agir sur le milieu d'apprentissage au plus proche des ressources de chaque élève. La création de l'environnement numérique D.O.R.A. agrège les connaissances théoriques et pratiques d'une équipe d'acteurs interdisciplinaires, fondement de cette recherche action. La volonté de créer un environnement open source, s'appuyant sur le capteur G.P.S. Movuino et sur une évolution documentée et argumentée par le contexte des fonctions et algorithmes de l'interface D.O.R.A. légitime le cadre théorique utilisé. Le résultat est un design de l'interface au service des apprentissages des élèves par une captation de l'attention sur les données cibles pour progresser. L'acculturation des élèves à l'instrument de quantification de leur activité, puis à l'outil leur permet de modifier leur stratégie de construction d'itinéraire en élargissant les ressources du paysage pour faire émerger des jalons et les suivre lors de l'itinéraire. Les connaissances en neuroscience nous permettent de créer des profils d'activités d'élèves et de proposer des exercices et des aménagements permettant d'augmenter les ressources d'actions et d'artefacts sur l'environnement. L'engagement des élèves est complet dans l'activité, le dispositif ne pose pas de gène après une adaptation pédagogique. Les objectifs didactiques et les modalités de pratique de la course d'orientation restent identiques. Les élèves ont la possibilité d'écrire leur ressenti après chaque séance. Il en ressort un intérêt pour l'individualisation et la précision des données après chaque course d'orientation, au-delà du temps et du nombre de postes validés. Le nombre de séances et la taille du groupe n'a pas permis de valider l'effet du dispositif sur les apprentissages en course d'orientation par rapport au groupe témoin. L'apport de l'environnement numérique D.O.R.A. permet à l'enseignant un guidage plus précis des éléments de progression pour l'élève. Au-delà de l'instrument, D.O.R.A. inclus la construction et la mise en oeuvre de cet outil pédagogique au service des élèves, des enseignants et des chercheurs. Pour que l'usage soit pertinent, il faut que les enseignants contextualisent l'outil à leur problématique pédagogique et acculturent les élèves à l'apport de données plus précises. En référence à la notion de quasi-objet développée par M. Serres puis B. Latour, nous prônons une éducation physique phygital afin de prendre en compte l'hybridation du physique et du digital pour développer et utiliser les ressources de tous les élèves dans un environnement scolaire. La perspective de construire des outils « open source » au service de l'éducation physique par un partage des savoirs et une construction d'une communauté d'acteurs au service des communs constitue un projet ambitieux mais vitalisant pour la recherche en sciences et techniques des activités physiques et sportives. |