Étude de la mortalité d'une cohorte de patients atteints d'anorexie mentale à 5 ans d'une hospitalisation dans une unité de nutrition clinique
Five-year mortality of severely malnourished anorexia nervosa patients admitted to a clinical nutrition unit
par Marie GUINHUT sous la direction de Jean-Claude MELCHIOR
Thèse de doctorat en Neurosciences
ED 158 Cerveau, Cognition, Comportement

Soutenue le mercredi 16 décembre 2020 à Université Paris Cité

Sujets
  • Anorexie mentale
  • Chez l'adolescent
  • Mortalité
  • Soins hospitaliers

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Mots clés
Anorexie Mentale, Dénutrition, Complications somatiques, Mortalité, Facteurs Prédictifs, Hospitalisation
Resumé
Introduction et but de l'étude : l'anorexie mentale (AM) est associée à un taux de mortalité parmi les plus élevés de toutes les pathologies psychiatriques. Les données de mortalités dans l'AM sont principalement issues d'études réalisées dans des cohortes de patients hospitalisés ou suivis en secteur psychiatrique. Très peu d'études de mortalité ont été réalisées en secteur somatique. L'unité de nutrition clinique (UNC) de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré est spécialisée dans la prise en charge de la dénutrition sévère et de ses complications somatiques, chez les patients atteints d'AM sévère. Une prise en charge médicale multidisciplinaire y est assurée afin d'améliorer le statut nutritionnel des patients et de leur permettre de sortir de la zone de danger vital, avant d'intégrer un programme de soins spécialisés, en unité de psychiatrie. L'étude de mortalité réalisée dans l'UNC a eu pour objectif principal de déterminer le taux brut de mortalité (TBM) et le ratio de mortalité standardisé (SMR) d'une cohorte de patients atteints d'AM, à 5,2 ans d'une première hospitalisation dans l'UNC, pour dénutrition sévère et/ou complication somatique associée à l'AM. L'objectif secondaire était de déterminer des facteurs prédictifs potentiels de mortalité ainsi que les causes de mortalité. Méthodologie : les patients atteints d'AM (selon les critères diagnostiques du DSM IV), âgés de 15 ans ou plus, hospitalisés pour la première fois dans l'UNC entre Novembre 1997 et Janvier 2014 ont été inclus. Pour chaque patient, les données sociodémographiques, anamnestiques et cliniques ont été collectées, rétrospectivement, à partir du dossier médical. Le statut vital des patients a été communiqué par le centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), les causes de décès par le registre national des causes de décès (CépiDc). Des analyses statistiques univariées et multivariées en régression de Cox ont été réalisées pour identifier les facteurs prédictifs de mortalité. Résultats : 384 patients ont été inclus (21 hommes et 363 femmes). L'âge moyen était 29,4 (±12) ans, l'IMC d'entréé était de 12,7 (± 2,2) kg/m², la durée d'évolution de l'AM 9,8 (± 9,3) ans. Quarante-quatre décès ont été rapportés sur une période moyenne de suivi post hospitalisation de 5,2 ans. Le TBM était de 11,5% et le SMR de 15,9 [IC 95% (11,6-21,4)]. Les facteurs prédictifs de mortalité étaient : un âge plus élevé, une histoire passée ou présente de sortie d'hospitalisation contre avis médical, la présence de comorbidité(s) hématologique(s), la nécessité pendant l'hospitalisation dans l'UNC d'un transfert en réanimation, l'existence d'une tentative de suicide, d'une anémie franche (hémoglobine < 9 g/dl), d'une dysnatrémie, de complications cardiaques et/ou infectieuses. Conclusion : dans une population de patients adultes, dénutris sévères, atteints d'AM, hospitalisés dans une unité somatique du fait de la gravité de l'état somatique, la mortalité est plus élevée que la mortalité de patients hospitalisés en secteur psychiatrique, mais ayant un statut somatique moins grave. Cette étude met en évidence des facteurs prédictifs somatiques de mortalité. Elle apporte ainsi des données nouvelles pour aider à détecter et prendre en charge les patients atteints d'AM à plus haut risque de décès.