Parentalité transgenre : implications au plan éthique et au plan du développement de l'enfant de l'utilisation des nouvelles biotechnologies d'aide à la procréation pour les personnes transgenres
Transgender parenting : the ethical and developmental implications of advances in Assisted Reproduction Technologies for transgender persons
par Agnès CONDAT sous la direction de Bruno FALISSARD et de David COHEN
Thèse de doctorat en Sciences cognitives
ED 158 Cerveau, Cognition, Comportement

Soutenue le mardi 24 novembre 2020 à Université Paris Cité

Sujets
  • Procréation médicalement assistée
  • psychologie
  • Transidentité
  • Transparentalité

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Mots clés
Transidentités, Paternité, Parentalité, Assistance Médicale à la Procréation, Développement des enfants
Resumé
Aujourd'hui, les progrès dans les biotechnologies et dans le champ de la médecine défient les lois de la biologie pour permettre à des hommes et des femmes transgenres d'advenir en tant que sujet et d'accéder à la parentalité. Ces avancées soulèvent dans de nombreux pays de vifs débats sociétaux, mais aussi de vraies questions éthiques l'enjeu majeur in fine étant pour la plupart des auteurs le bien-être des enfants à naître. Nous avons ainsi cherché à comparer le développement cognitif, la santé mentale, l'identité de genre, la qualité de vie et la dynamique familiale à l'aide d'instruments standardisés et de protocoles expérimentaux chez 32 enfants conçu·e·s par IAD en France dont le père est un homme transgenre et la mère une femme cisgenre (identifiée au genre féminin qui lui a été assigné à la naissance), la transition féminin vers masculin du père ayant eu lieu avant la conception. Nous avons constitué deux groupes témoins appariés pour l'âge, le sexe et la situation familiale : le premier composé d'enfants né·e·s de parents cisgenres hétérosexuels ayant eu recours à l'IAD pour concevoir, le second composé d'enfants conçu·e·s par rapport sexuel de parents hétérosexuels cisgenres. Nous n'avons trouvé aucune différence significative entre les groupes en ce qui concerne le développement cognitif, la santé mentale et l'identité de genre, ce qui signifie que ni la paternité transgenre ni l'utilisation des IAD n'ont eu d'impact sur ces caractéristiques. Les résultats de l'analyse descriptive ont montré un développement psycho-affectif positif. De plus, lorsque nous avons demandé à des groupe d'évaluateur·trice·s de différencier les dessins de famille du groupe d'enfants de pères trans' de celleux qui étaient conçu·e·s par rapport sexuel de parents cisgenres, aucun n'a pu différencier ces groupes au-dessus des niveaux du hasard, ce qui signifie que ce que les enfants ont exprimé à travers le dessin de famille n'indiquait pas d'indices liés à la paternité transgenre. Cependant, lorsque nous avons étudié les émotions exprimées par les mères et les pères à partir d'un extrait de discours de 5 minutes (Five Minute Speech Sample), nous avons constaté que les émotions exprimées par les pères transgenres étaient plus intenses que celles des pères cisgenres qui ont conçu par rapport sexuel ou par IAD. Nous concluons que ces premières données empiriques sur le développement de l'enfant dans le contexte de la trans-parentalité sont rassurantes. Nous pensons que cette recherche améliorera également les soins aux couples transgenres et ceux de leurs enfants dans une société où les projections sociétales comme l'accès aux soins restent difficiles pour cette population. Cependant, des recherches transdisciplinaires complémentaires sont nécessaires, en particulier avec les adolescents, les jeunes adultes et en périnatalité.