Exposition périnatale, Additif alimentaire, Dioxyde de titane, Homéostasie intestinale, Allergie alimentaire

L'allergie alimentaire est un problème majeur de santé publique au vu de l'augmentation de sa prévalence et de sa sévérité, notamment chez le jeune enfant. L'allergie alimentaire est une réponse immunologique inappropriée et excessive contre certaines protéines alimentaires. Elle résulte d'un défaut d'établissement de la tolérance orale, une réponse immunitaire suppressive normalement induite contre les protéines ingérées. L'induction de la tolérance orale est dépendante de la mise en place correcte de l'homéostasie intestinale, résultat d'un dialogue complexe et finement orchestré entre l'épithélium, le système immunitaire et le microbiote. La période périnatale est une fenêtre critique au cours de laquelle différents facteurs environnementaux peuvent altérer l'établissement de l'homéostasie intestinale, in fine favoriser le développement précoce de pathologies telles que les allergies chez l'enfant. Ces facteurs environnementaux peuvent être des stress psychiques, physiques ou chimiques, ces derniers incluant l'exposition à différents contaminants ou ingrédients d'origine anthroqique via l'alimentation. Parmi eux se trouvent les additifs alimentaires inorganiques, telles que le dioxyde de titane (TiO2, E171) dont l'utilisation a été récemment bannie au niveau européen pour des suspicions d'accumulation dans l'organisme accompagnée d'un risque génotoxique. D'autres études ont aussi rapporté un effet immunotoxique et bactéricide du TiO2 alimentaire chez l'animal adulte. En parallèle, il a été démontré que des nanoparticules de TiO2 (NPs-TiO2, présentes dans l'additif) traversaient la barrière placentaire chez l'Homme et se retrouvaient dans le méconium, en plus d'être excrétées dans le lait chez la souris. Ces résultats suggèrent une exposition périnatale chez l'Homme à la fraction nanoparticulaire de l'additif, dont les effets sur la santé de l'enfant ne sont pas connus. Dans ce contexte, le projet s'est attaché à étudier l'impact d'une exposition périnatale chronique à l'additif alimentaire E171 sur la mise en place de l'homéostasie intestinale dans la descendance et son lien avec la susceptibilité à développer une allergie alimentaire. En utilisant un modèle de souris mère-enfant, nous avons montré que l'exposition chronique au E171, initiée dès la conception et via l'alimentation à une dose pertinente pour l'homme, augmente la propension de la descendance mâle à développer une allergie alimentaire au lait de vache en début de vie, tout en altérant sa capacité à développer la tolérance orale. Une analyse réalisée en amont de l'induction de l'allergie/tolérance montre des altérations de la barrière intestinale, de la composition du microbiote intestinal, et du système immunitaire et du métabolome locaux et systémiques. Un effet sexe sur l'ensemble de ces paramètres est également souligné. Notre étude est la première à évaluer l'impact d'une exposition périnatale chronique réaliste à l'additif alimentaire E171 sur l'établissement de l'homéostasie intestinale et son lien avec la perturbation de l'équilibre tolérance orale/allergie alimentaire. Notre étude fournit de nouveaux modèles et concepts pour l'évaluation du danger potentiel d'autres additifs ou contaminants alimentaires, dans le contexte de l'épidémie des maladies liées à des désordres immunitaires telles que les allergies alimentaires.