Expertise musicale, Entraînement musical, Mode d'apprentissage, Transfert proche, Transfert lointain, Perception musicale, Fonctions exécutives, Compétences socio-Cognitives

Faire de la musique est une activité exigeante qui sollicite de multiples fonctions cognitives. L'expertise musicale est associée à un meilleur fonctionnement cognitif dans des domaines directement impliqués par la musique, tels que la perception musicale (effets de transfert proche) ou dans des domaines indirectement liés, tels que les fonctions exécutives ou la cognition sociale (effets de transfert lointain). Cependant, ce meilleur fonctionnement cognitif associé à l'expertise musicale peut être dû à des dispositions préexistantes qui ont conduit les musiciens à faire de la musique, plus qu'à des effets de l'expertise musicale en elle-même. Pour contrôler ces prédispositions, des études interventionnelles évaluant les compétences des participants avant et après entraînement musical sont nécessaires. De plus, différents modes d'entraînement musical - tels que la pratique en collectif ou en individuel - peuvent avoir des effets cognitifs différents et n'ont pourtant jamais été systématiquement comparés. Tandis que certains programmes d'entraînement musical fondés sur la communauté ciblent des enfants issus de populations à faible statut socioéconomique (SSE) et sont basés sur un entraînement musical en collectif, il est important de comparer l'impact cognitif de ce mode d'entraînement musical au mode d'entraînement plus traditionnel en individuel - qui est le plus souvent étudié dans des contextes de SSE moyen ou élevé. Dans cette thèse, nous avons conduit une étude sur l'expertise musicale et une étude interventionnelle dans le contexte d'un programme musical en collectif nommé Démos. Nous avons testé des enfants âgés de 5 à 14 ans issus de familles ayant un SSE faible. Dans chaque étude, nous avons comparé deux groupes avec des expériences musicales différentes, ayant appris la musique dans un contexte collectif (Démos) et dans un contexte individuel (conservatoires) respectivement, à un groupe contrôle passif sans expérience de pratique musicale. Nous avons évalué les compétences musico-cognitives (transfert proche), les fonctions exécutives et les compétences socio-cognitives (transfert lointain) des participants de chacun de ces trois groupes. Les résultats montrent que l'expertise musicale acquise dans un mode individuel est associée à une meilleure perception de la mélodie et une meilleure attention sélective auditive. Ils montrent aussi qu'après un an et demi d'entraînement musical, les enfants entraînés dans un mode individuel montrent déjà une meilleure perception de la mélodie, par contraste avec les enfants entraînés dans un mode collectif et avec ceux ne faisant pas de musique. De plus, un entraînement musical en collectif ou en individuel semblent tous deux induire une meilleure attention sélective auditive, par comparaison avec une absence d'entraînement musical. Cependant, nous n'avons pas trouvé d'autre effet significatif de l'entraînement musical en collectif ou en individuel sur les fonctions exécutives et les compétences socio-cognitives évaluées. Nous terminons par une discussion sur les implications de ces résultats empiriques.