Étude d'un biais prosodique précoce : le cas de la loi iambo-trochaïque
Early prosodic biases : the iambic trochaic law
par Nawal ABBOUB sous la direction de Thierry NAZZI et de Judit GERVAIN
Thèse de doctorat en Sciences cognitives
ED 261 Cognition, Comportements, Conduites Humaines

Soutenue le vendredi 25 septembre 2015 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Bilinguisme -- Chez l'enfant
  • Langage -- Acquisition
  • Perception chez le nourrisson
  • Perception de la parole
  • Prosodie (linguistique)
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Mots clés
Perception du langage, Prosodie, Acquisition du langage, Nourrissons, Nouveau-nés, Bilinguisme, NIRS
Resumé
Le but de cette thèse a été d'explorer certains des mécanismes relatifs à la perception de la prosodie linguistique. Cet intérêt provient du fait que la prosodie, qui est portée dans le signal acoustique par les indices d'intensité, durée et pitch, pourrait guider les nourrissons dans l'apprentissage des mots et de leur ordre dans les phrases. Nous avons donc étudié un mécanisme qui pourrait sous-tendre ces capacités prosodiques précoces : la loi iambo-trochaïque (iambic-trochaic law : ITL). L'ITL (Woodrow, 1909; Hayes, 1995; Nespor et al., 2008) est un des principes d'organisation de la perception auditive qui a été proposé comme ayant un rôle important non seulement dans la perception chez l'adulte, mais aussi pendant l'acquisition du langage chez le nourrisson. L'ITL postule une préférence générale pour le regroupement des éléments sonores (syllabes, notes musicales...) en paires, en fonction des variations d'intensité, de tonalité (pitch) ou de durée de ces éléments : les sons forts ou aigus marquent le début de groupes de pattern trochaïque (fort-faible ou aigu-grave), alors que les sons longs marquent la fin de groupes de pattern iambique (court-long). Toutefois, les langues diffèrent dans leur façon d'utiliser ces indices acoustiques pour marquer la proéminence prosodique dans les mots et dans les syntagmes. Par exemple, le français ne possède pas d'accent lexical mais un accent au niveau du syntagme où la dernière syllabe est allongée, ce qui crée un contraste court-long (pattern iambique basé sur la durée). A l'inverse, en anglais ou en allemand, l'accent lexical est en général sur la première syllabe, qui est plus forte et/ou plus aigüe, ce qui induit un pattern trochaïque basé sur l'intensité ou le pitch. L'environnement linguistique pourrait donc interagir avec l'ITL. Cette thèse s'articule en deux axes. D'une part, dans une tâche de segmentation / reconnaissance de paires de syllabes, nos données montrent que des sensibilités à l'ITL sont présentes chez l'adulte (Exp. 1) et le nourrisson de 7,5 mois (Exp. 2), français et allemands. De faibles différences cross-linguistiques entre les deux groupes sont retrouvées pour le groupement basé sur l'intensité. D'autre part, à l'aide de la NIRS (Near InfraRed Spectroscopy), nous avons mesuré les réponses d'activité cérébrale chez des nouveau-nés et mis en évidence que des sensibilités à l'ITL sont présentes à la naissance et déjà influencées par la langue entendue in utero (Exp. 3-6). Pour finir, nous avons exploré de quelle manière l'environnement linguistique influence les compétences de discrimination de patterns rythmiques d'accentuation des mots chez des nourrissons de 10 mois (Exp. 7). Nos résultats révèlent que des nourrissons bilingues apprenant le français et une langue avec un accent lexical variable sont capables de discriminer des patterns d'accentuation contrairement aux monolingues français. Pris ensemble, nos résultats contribuent à la compréhension de l'origine développementale de l'ITL, de sa modulation par l'environnement linguistique et du développement langue-spécifique du traitement et des préférences rythmiques.