Difficultés socio-affectives dans l'anorexie mentale : impact sur la sévérité du trouble et comparaison avec le syndrome d'Asperger
Socio-affective difficulties in anorexia nervosa : impact on the severity of the disorder and comparison with Asperger's syndrome
par Annaïg COURTY sous la direction de Jean-Louis ADRIEN et de Sylvie BERTHOZ
Thèse de doctorat en Psychologie
ED 261 Cognition, Comportements, Conduites Humaines

Soutenue le lundi 23 septembre 2013 à Université Paris Descartes ( Paris 5 )

Sujets
  • Alexithymie
  • Anorexie mentale
  • Syndrome d'Asperger

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Mots clés
Anorexie mentale, Alexithymie, Anxiété sociale, Syndrome d'Asperger
Resumé
Cette recherche porte sur l'impact et la caractérisation des difficultés socio-affectives dans l'anorexie mentale (AM). Les difficultés intéroceptives et introspectives, telles qu'appréhendées par des mesures d'alexithymie, pourraient être liées à la sévérité des tableaux cliniques des AM et impacter non seulement leur état somatique mais également leur fonctionnement interpersonnel. Par ailleurs l'alexithymie et l'évitement social sont des déficits retrouvés dans les troubles du spectre autistique. L'Institut de Psychiatrie de Londres a d'ailleurs proposé un modèle mettant en cause un partage d'endophénotypes entre ces troubles et l'anorexie mentale qui rendrait compte de leur chevauchement phénotypique. Le manque de flexibilité et de cohérence centrale font l'objet d'une littérature grandissante et semblent bien être commun aux deux pathologies. Des difficultés socio-affectives communes sont aussi discutées, mais encore peu étudiées. Un axe de notre travail a été d'étudier les liens entre l'alexithymie, les facteurs cliniques (e.g âge de début, durée d'évolution, nombre de rechutes, évolution de l'état globlal) et l'anxiété sociale en prenant en compte d'éventuels facteurs de confusion mis en cause dans la littérature (état nutritionnel,, affects anxio-dépressifs). Le deuxième axe de notre travail a porté sur la caractérisation du chevauchement existant entre les troubles du spectre autistique et l'anorexie mentale en comparant les profils socio-affectifs d'anorexiques et de personnes atteintes du syndrome d'Asperger. Pour répondre au premier axe de recherche, nous avons réalisé deux études : une 1ère auprès de 60 patientes ; une 2ème auprès de 213 patients. Les sujets des deux études étaient des patients hospitalisés pour un épisode d'anorexie dans une unité spécialisée dans la prise en charge des troubles des conduites alimentaires. La première étude a porté sur une population homogène d'adolescentes anorexiques, malades depuis moins de 3 ans et toutes hospitalisées dans le même centre parisien. La participation à la deuxième étude a été proposée à tous les patients âgés de 13 à 65 ans hospitalisés pour un épisode d'anorexie au sein de 11 services spécialisés en France. Pour les deux études, nous avons utilisé les scores à des instruments psychométriques mesurant l'alexithymie (TAS-20 ou BVAQ), la symptomatologie alimentaire (EDI, ou EDE-Q et EAT) et les affects anxio-dépressifs (SCL-90 ou HAD). L'état global des patients, l'anxiété et l'évitement social ont été évalués lors d'entretiens semi-structurés (respectivement Morgan et Russell, LSAS). De ces deux études, il ressort que l'alexithymie semble jouer un rôle péjorant, non seulement sur les symptômes alimentaires, mais également sur l'évitement social. L'impact de l'alexithymie existe au-delà de l'effet de l'état nutritionnel et des affects dysphoriques. Le fonctionnement alexithymique semble par ailleurs influencer négativement l'évolution de l'état clinique des personnes ayant nécessité une hospitalisation pour anorexie mentale dans une unité spécialisée. Pour répondre à notre deuxième axe de recherche, nous avons réalisé une étude psychométrique comparative auprès de 15 personnes présentant un Syndrome d'Asperger, 15 anorexiques et deux groupes de témoins appariés à chaque groupe clinique. Nous avons utilisé des entretiens semi-structurés pour confirmer les diagnostics du Syndrome d'Asperger et d'AM (ADOS et MINI). Les participants ont complété des échelles d'alexithymie (BVAQ), de traits autistiques (AQ), d'empathie (IRI, EQ), de dépression (BDI) ainsi que de symptomatologie alimentaire (EAT). Cette étude comparative montre que les anorexiques se rapprochent des personnes souffrant du Syndrome d'Asperger en ce qui concerne l'alexithymie et certains traits autistiques, notamment cognitifs. (...)