| Resumé |
Notre travail de recherche est parti d'une question suscitée par la rencontre d'une petite patiente présentant de grandes difficultés à s'établir dans son environnement, dans lequel elle évoluait de façon erratique depuis ses dix-huit mois. Ses gestes et son comportement semblaient incompréhensibles autant qu'inutiles. Ce qui nous a amenée à penser à l'autisme et à la structure psychotique. Son geste premier était de faire des trous sur des feuilles de papier en tous lieux et à tous moments. Ce geste est constaté d'ailleurs par les cliniciens chez beaucoup d'enfants dits psychotiques ou autistes. Dans le domaine de la psychiatrie, la discipline psychiatrique, datée du début du 19e siècle, en ce qui concerne le traité du trouble mental chez l'enfant, a eu une histoire spécifique. Chez l'enfant, la question de la psychose a d'abord été posée quant à son existence. La psychose a été considérée comme un raisonnement faux, alors que, l'enfant étant considéré en tant qu'être humain en plein développement et sa faculté de raison n'ayant pas encore une forme aboutie, la supposition de la psychose infantile est incertaine. La discussion de cette question a duré un siècle et s'est terminée au milieu du 20e siècle avec la nomination de l'autisme infantile précoce créé par Léo Kanner. Celui-ci a souligné un autre aspect différent de celui d'intelligence dans le trouble psychique grave chez l'enfant-nourrisson. L'aspect d'affect dans la relation intersubjective, avec la notion d'autisme infantile, est ainsi entré en ligne de compte. Malgré le changement de paradigme et l'évolution de la connaissance et du savoir sur le trouble psychique grave chez l'enfant très jeune, la psychiatrie ancienne ou contemporaine n'aborde pas la question du sens dans le trouble psychique. La nosographie contemporaine, qui est guidée par la recherche avancée dans le domaine de la neuroscience, abolit davantage la question du sujet, ou, plus précisément, la question de l'être parlant.Notre travail, bâti sur la supposition du sens du geste, essaie d'en cerner ou d'en faire entendre la dimension parlante. Inspirée par la psychanalyse, nous abordons la question de la psychose chez notre petite patiente, et nous supposons que l'enfant, même à l'âge tendre, existe au monde en tant que sujet, mais qu'avant de devenir l'être parlant, il est d'abord l'être parlé par les autres. Au lieu de penser que la psychose chez l'enfant est une dissociation arrivée à l'âge précoce, nous supposons que cette psychose est un échec du travail fantasmatique dans l'après-coup, et une interruption de la transmission symbolique. La psychose est due à la forclusion, comme le dit Lacan. Nous voudrions souligner dans ce terme de forclusion la problématique du rapport au temps : du fait de son retard qui n'est pourtant pas le retard du développement, le sujet est privé du droit de récupérer sa fortune qui est les trésors signifiants (l'Autre). |