La police du Châtelet de Paris (1560-1610) : Identité, organisation et pratiques des officiers
The Châtelet police of Paris (1560-1610) : identity, organization and practices of the officers
par Aurélie MASSIE sous la direction de Liliane HILAIRE-PÉREZ
Thèse de doctorat en Histoire
ED 624 Sciences des Societes

Soutenue le samedi 03 octobre 2020 à Université Paris Cité

Sujets
  • France -- 1562-1598 (Guerres de religion)
  • France. Châtelet de Paris (11..-1790)
  • Paris (France)
  • Policiers
  • Prosopographie
  • 16e siècle
  • 17e siècle

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Mots clés
Pratiques policières, Sergents, Commissaires, Officiers
Resumé
Cette étude centrée sur la spécificité des officiers du Châtelet de Paris au XVIe siècle, aborde un terrain d'observation complexe révélateur de clivages sociaux et de jeux de pouvoirs institutionnels à l'origine des difficultés de régulation policière. En s'éloignant des études exclusivement institutionnelles, ce travail s'inscrit dans l'optique d'une histoire sociale et prosopographique de l'institution. La place occupée par les commissaires et sergents dans la société, liée au statut inhérent à l'office royal, leur permet une reconnaissance sociale et une légitimation d'exercice face aux populations tout en révélant des logiques comportementales. Une exploration s'étendant des origines sociales, jusqu'aux choix de carrières, alliances, mobilités, fortunes, culture matérielle et représentations des officiers met en avant des clivages entre groupes. Générateurs de conflits, ces clivages permettent d'expliquer en partie la difficulté d'exercice de l'action policière. Les trajectoires individuelles rendent compte des comportements et des entreprises d'engagement dans l'exercice de l'office ou de détournement du service royal. L'existence d'une diversité de pouvoirs institutionnels chargés de la police parisienne est à l'origine de nombreux conflits entre les institutions chargées du maintien de l'ordre. L'analyse de l'évolution des types de conflits mais aussi de leur nombre et des moyens mis en place pour les résoudre permet d'appréhender une partie du travail de terrain des officiers. La communauté des commissaires, chargée de représenter et de défendre les intérêts du groupe exprime une solidarité de corps. Elle assure la discipline de ses membres, le règlement de leurs conflits, gère la répartition des fonctions et la distribution des bénéfices économiques. Tout en étant un organe de réflexion interne sur la réglementation des conditions d'exercice de l'office, elle participe à la normalisation des pratiques. La pratique policière est appréhendée préalablement par une étude de l'espace d'exercice des fonctions. L'étude des quartiers de police et du nombre d'officiers y étant affectés démontre une volonté de renforcement du contrôle et d'optimisation de la gestion de l'espace policier. Une partie du travail quotidien des commissaires auprès des populations se révèle à travers la matérialité et la variation des formes des procès-verbaux. Les actes au civil, chronophages, affectaient grandement la bonne exécution des tâches de surveillance policière. Un cadre préétabli, caractéristique des actes juridiques structure les minutes des commissaires. Des similitudes de forme d'un acte à l'autre s'expliquent par la transmission des pratiques entre officiers. L'étude des contextes et des formes de violences entre officiers et justiciables permet d'entrevoir une partie de l'exercice des fonctions policières. Les violences sont appréhendées en tant que contestation de l'ordre établi par les représentants du pouvoir royal et de leur légitimité. Elles témoignent également de déviances policières ordinaires ou accentuées en tant de crise. Le maintien de l'ordre, la gestion de la violence et la surveillance des populations durant les troubles religieux se caractérisent par des tentatives autoritaires de contrôle mises en place par le Châtelet concurremment avec les autres agents du maintien de l'ordre. L'hostilité croissante des catholiques envers les protestants, la contestation du pouvoir royal et la diversité des autorités urbaines participent à l'instabilité de l'ordre policier. Le point culminant de la perte de contrôle du roi sur l'ordre urbain est atteint lors de la Saint-Barthélemy, puis durant la Ligue. Après la reprise en main de la capitale par le roi et la pacification des troubles, les compétences du Châtelet sont peu à peu réaffirmées au détriment des autres formes de régulation classique, notamment des autorités urbaines et seigneuriales.