Mots clés |
Anticorps, SARS-CoV-2, COVID-19, Sérologie, Neutralisation, Complément, Cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC), Asymptomatique, Différences liées au sexe, Infectiosité, Lymphocytes B, CD20, Anticorps anti-CD20, Rituximab, Lymphome diffus à grandes cellules B (DLBCL) |
Resumé |
Les anticorps sont une des composantes essentielles du système immunitaire des vertébrés, et sont produits après infection ou vaccination. Ils possèdent plusieurs activités : une activité de neutralisation (liaison au pathogène qui bloque l'infection) et des fonctions médiées par leur fragment constant Fc. Les anticorps recrutent et activent d'autres effecteurs de l'immunité tels que les cellules Natural Killer (NK), le complément ou les macrophages/monocytes. Ils peuvent induire différents phénomènes antiviraux, tels que la cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC), la cytotoxicité dépendante du complément (CDC) et la phagocytose dépendante des anticorps (ADCP). Ces différentes fonctions varient avec chaque anticorps. Nous nous sommes intéressés au mécanisme d'action de deux catégories d'anticorps. Nous avons étudié les anticorps produits après infection par le virus SARS-CoV-2. Nous nous sommes aussi penchés sur les mécanismes de régulation de l'efficacité des anticorps monoclonaux thérapeutiques anti-CD20. Nous avons tout d'abord mis en place un test de détection sensible et spécifique des anticorps anti-SARS-CoV-2 basé sur la cytométrie de flux, qui nous a permis d'identifier des personnes convalescentes de la COVID-19. Nous avons étudié la durée de la réponse humorale et démontré que les niveaux d'anticorps diminuaient au cours du temps et ce d'autant plus rapidement chez les individus masculins. Nous avons comparé les fonctions des anticorps provenant de personnes ayant fait une infection asymptomatique ou symptomatique. Nous avons confirmé que les anticorps produits après infection neutralisaient le virus, et induisaient ADCC et CDC, de façon similaire chez les individus symptomatiques et asymptomatiques. Nous avons aussi étudié l'impact des anticorps présents dans les prélèvements nasopharyngés de patients infectés par le variant Alpha ou des variants précédents. Nous avons démontré que ces anticorps inhibaient le virus dans la plupart des cas, que les résultats des tests antigéniques étaient cohérents avec la présence de virus infectieux et que le variant Alpha était associé à une libération accrue de cytokines. Les anticorps sont produits par le système immunitaire face à un pathogène mais peuvent également être produits en laboratoire pour être utilisés en tant que thérapie. Les anticorps anti-CD20, tels que Rituximab, Ofatumumab et Obinutuzumab, sont largement utilisés pour traiter des pathologies liées aux lymphocytes B, car le CD20 est présent sur ces cellules jusqu'au stade plasmocytaire. L'injection des anti-CD20 provoque une déplétion des lymphocytes B par apoptose et autres fonctions effectrices. Certains patients sont cependant résistants au traitement ou subissent des rechutes. Nous avons étudié les mécanismes régulant l'efficacité de ces anticorps utilisés en clinique. Nous avons réalisé un test de criblage afin d'identifier les protéines cellulaires impliquées dans l'échappement aux anti-CD20. Nous avons démontré que le facteur de transcription IRF8 (Interferon Regulatory Factor 8) est impliqué dans l'expression de CD20 dans les lymphocytes B normaux ou tumoraux, en particulier dans les lymphomes diffus à grandes cellules B. Une diminution des niveaux d'IRF8 est responsable d'une moins bonne efficacité de trois anti-CD20 en culture cellulaire. En conclusion, nous avons démontré que les anticorps anti-SARS-CoV-2 étaient polyfonctionnels. Nous avons également décrit un nouveau mécanisme de régulation des niveaux de CD20 par IRF8 qui impacte l'efficacité des anticorps thérapeutiques anti-CD20. |