Caste, class and social mobility : a longitudinal study in a north Indian village 1958-2015
Caste, classe et mobilité sociale : une étude longitudinale dans un village au nord de l'Inde 1958-2015
par Floriane BOLAZZI sous la direction de Isabelle GUÉRIN et de Gabriele BALLARINO
Thèse de doctorat en Sciences économiques
ED 624 Sciences des Societes


Sujets
  • Castes -- Inde
  • Inde
  • Mobilité sociale
  • Révolution verte

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Mots clés
Inde rurale, Analyse longitudinale
Resumé
La thèse analyse le lien entre caste, classe et mobilité sociale en Inde rurale depuis les réformes agraires des années 1950 jusqu'aux années récentes, en passant par la Révolution Verte des années 1970 et le tournant néo-libéral des années 1990. La période observée se caractérise par de profondes transformations structurelles qui ont indéniablement participé au développement économique du pays. Mais dans quelle mesure ces transformations ont elles généré un meilleur accès aux opportunités de mobilité sociale pour les individus et les groupes d'individus historiquement défavorisés par leur appartenance de caste ? L'absence de données intergénérationnelles et l'impossibilité de décomposer les catégories de caste en jatis (groupe social de naissance assuré par le principe d'endogamie) expliquent en partie le fait que la question de la mobilité sociale soit encore peu explorée en Inde. Pour répondre à ce manque, cette thèse mobilise des données inédites : une base de données longitudinales de trois générations d'individus du village de Palanpur (Uttar Pradesh), dont l'ensemble de la population a été interviewé sept fois de 1958 à 2015, combinée à 102 entretiens semi-directifs menés entre janvier et juin 2018. La méthodologie employée intègre une analyse statistique des taux, des modalités et des déterminants de la mobilité intergénérationnelle, notamment l'influence de la jati sur la probabilité d'un individu d'être plus ou moins mobile, avec une analyse qualitative des mécanismes de mobilité, des perceptions et des préférences individuelles et collectives. Les résultats de la thèse montrent que la mobilité sociale a augmenté au cours du temps, mais qu'elle se caractérise principalement par des mouvements descendant et horizontaux des classes agraires vers la classe de travailleurs journaliers non qualifiés. La classe supérieure maintient un avantage comparatif en termes de stabilité sociale, mais l'éducation secondaire égalise de plus en plus les chances de mobilité ascendante. Cependant, l'accès à l'éducation reste sensible aux inégalités économiques et à la classe sociale d'origine. Globalement, l'influence de la caste sur la destination sociale, indépendamment de la classe d'origine et du niveau d'éducation, s'est réduite pour tous, mais les castes historiquement pénalisées ont relativement moins de chances d'accéder aux classes de salariat, considérées plus prestigieuses. Enfin, sans que les mouvements de la classe des travailleurs agricoles à l'équivalent de la classe ouvrière n'impliquent de changements de position dans la structure sociale, la transition vers le marché du travail des castes précédemment dominées par les exploitants fermiers se traduit en une perception d'émancipation vis-à-vis des castes supérieures. En définitive, la caste se dissocierait de la classe et le pouvoir se déplacerait de la sphère rituelle à la sphère économique. Au-delà du contexte indien, cette thèse propose une méthode originale de méthode mixte permettant d'apprécier de manière dynamique les questions de mobilité et d'intersectionnalité, dans leurs dimensions à la fois matérielle et subjective.