Resumé |
Ce travail de thèse s'intéresse aux modalités transnationales entre les cinémas français et finlandais modernes. Plus exactement, il explore ce qui circule de l'œuvre de Robert Bresson à celle d'Aki Kaurismäki, alors que ces deux cinéastes ne partagent ni la même spatiotemporalité ni la même culture. Notre hypothèse est qu'Aki Kaurismäki a repris et adapté à sa propre perspective culturelle certains des codes et du style cinématographique de Robert Bresson, en particulier la représentation de la marginalité. Comme Robert Bresson est connu pour être l'un des principaux réalisateurs et théoriciens de la modernité minimaliste dans le cinéma français, cette thèse explique comment le style minimaliste de Kaurismäki est un renouvellement de celui de Bresson. Cette similarité implique de s'interroger sur leur relation, mais surtout sur les manières dont ces liens s'articulent entre deux conceptions du cinéma à la fois distinctes, et pourtant proches. Ainsi, il en découle un questionnement sur les rapports socioculturels et les modalités transnationales d'une mise en scène minimaliste de la marginalité partagée par Bresson et par Kaurismäki. Pour cela, nous explorons dans un premier temps le caractère intrinsèquement transnational de l'œuvre d'Aki Kaurismäki du fait d'une appartenance particulière au cinéma finlandais, ainsi que le rôle capital de l'intertextualité filmique de son œuvre, notamment la référence à Robert Bresson. Dans un second temps, nous analysons les rapprochements de formes à l'aune de la théorie bressonienne du cinématographe et du minimalisme partagé par les deux cinéastes. Puis, nous examinons les diverses interprétations proposées au sujet de l'œuvre de Bresson pour en dégager celle de Kaurismäki, en particulier sa proposition de le considérer à l'aune du mélodrame. Cela conduit à rapprocher les deux cinéastes à la fois autour d'une esthétique minimaliste et d'une compréhension du mélodrame comme mode cinématographique pour engager le spectateur et mettre en place une fonction de critique sociale au cinéma portant sur la marginalité. C'est ce dernier enjeu que nous explorons dans un troisième temps. Ainsi, nous analysons comment Bresson et Kaurismäki se recoupent autour de la marginalité dans les sociétés française et finlandaise moderne et contemporaine. Enfin, nous montrons dans cette ultime partie comment Kaurismäki continue et dépasse la perspective bressonienne quant à la marginalité et aux possibilités d'alternatives. |