Resumé |
L'attrait du clown, choisi comme sujet par de nombreux artistes, ne réside pas seulement dans son aspect innocent et coloré, mais aussi dans sa possibilité de représenter l'artiste. Il peut être pensé comme son double déformé, hérité des expériences premières situées avant la reconnaissance dans le miroir. Henry Miller et Ingmar Bergman ont tous les deux eu une affinité particulière avec la figure du clown qu'ils ont fait revenir dans leurs œuvres sous différentes formes. Le clown y interroge l'art dans ses origines, et questionne l'artiste dans ses échecs et dans ses absences. Henry Miller et Ingmar Bergman sont des artistes-clowns qui pensent et créent à partir des expériences premières qui les constituent.Il s'agit dans ce travail de poser la question d'une exploration de l'archaïque, première forme d'organisation psychique, par ces deux artistes qui se sont saisis du clown pour créer. Cette étude souhaite éclairer la notion d'archaïque, employée de prime abord en clinique, à partir des œuvres d'Henry Miller et d'Ingmar Bergman. Ils ont masqué l'archaïque sous les dehors d'une enfance artificielle mais les apparitions du clown dans le reflet ou le rêve déconstruisent la représentation d'un univers idéal. L'absence à soi qu'implique l'archaïque participe à déconstruire le Moi dans son intégrité ; et le masque du clown apparaît et disparaît dans une présence intermittente et spectrale. L'artiste joue donc avec l'archaïque pour mettre en œuvre une création fragmentaire qui se construit au plus près de la disparition. |