Détresse empathique, Santé mentale, Compétence émotionnelle, Réforme 2022 du second cycle (R2C), Écoute

L'enseignement médical consiste en la transmission de savoirs distincts et complémentaires combinant des savoirs théoriques et pratiques. À la suite d'une mission ministérielle mandatée en 2017, la réforme 2022 du second cycle (R2C) des études médicales explicitée dans le décret du 2 Septembre 2020 modifie l'organisation de l'enseignement et de l'apprentissage des étudiants en médecine en France. Les notions de « Savoir », « Savoir-faire » et « Savoir-être » deviennent des axes de développement de la pédagogie médicale. Dans ce contexte, est-ce qu'une intervention basée sur la méditation de pleine conscience, le programme MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction), à sa place dans l'enseignement du savoir-être en France ? Plus spécifiquement est-ce que le programme MBSR développe l'empathie et les compétences émotionnelles de étudiants en médecine. Nous émettons dans ce travail l'hypothèse que le renforcement des compétences émotionnelles permettrait de développer une empathie adaptée et par conséquent d'améliorer le bien-être des étudiants en médecine. L'empathie clinique est un élément du soin intégrant plusieurs dimensions qui évolue en proximité avec les émotions. Si l'empathie clinique est tournée vers autrui, distinguer les éléments du soi ou de l'autre semble essentiel à la prévention de la détresse émotionnelle ou de la contagion émotionnelle. Il s'agit d'apporter un regard sur cette intervention implémentée en faculté de médecine et d'en comprendre les processus sous tendus. Ainsi, la première étude explore l'expérience vécue des étudiants à travers une méthodologie de recherche qualitative, par entretiens semi-structurés utilisant une analyse interprétative phénoménologique. Elle s'intéresse, dans la lignée de la dimension expérientielle de Francisco Varela, à une compréhension de l'expérience à la première personne. La deuxième étude s'intéresse à l'impact de programme MBSR sur les composantes (1) empathie, (2) compétences émotionnelles, (3) soin de soins via l'auto-compassion. Cette deuxième étude est interventionnelle, contrôlée et non randomisée. Enfin, la troisième étude s'intéresse aux motivations des étudiants à participer à ce programme afin de mettre en lumière les besoins des étudiants. Il s'agit ici d'une étude qualitative analysant le verbatim des étudiants au cours de la première séance du programme. Ce travail confirme l'influence du programme MBSR sur la régulation des émotions à travers la reconnaissance et l'identification de celle-ci. Il apporte des résultats nouveaux sur sa place en médecine notamment dans la réduction de la détresse empathique et le développement de l'écoute. Il met en lumière les limites de cette intervention, le besoin de clarté dans les objectifs pédagogiques et le rôle de l'université dans sa mise en place. Enfin il ouvre sur les besoins des étudiants attirés vers une médecine plus humaine, moins compétitive et plus collaborative. Le programme MBSR semble avoir sa place dans l'enseignement du savoir-être, cependant il ne couvre pas toutes les dimensions de l'empathie et doit s'ingérer dans un curriculum multimodal et soutenant. Ce travail souligne qu'accompagner les étudiants à « prendre soin » intègre la dimension du soi, de l'autre et de l'institution et soulève la question d'une acculturation au savoir-être éthique des universités, comme conséquence de la réforme et de la réorganisation des enseignements.