Resumé |
La prise de décision sous ambiguïté est au cœur de notre existence. En effet, nous devons sans cesse effectuer des choix sans pour autant en connaître les conséquences potentielles, ni les probabilités qui régissent ces conséquences. Afin de mieux définir les processus en jeu dans le développement de ces capacités décisionnelles sous ambiguïté, nous avons choisi de tester la théorie incontournable dans ce domaine, à savoir : L'Hypothèse des Marqueurs Somatiques (HMS). Cette hypothèse accorde un rôle adaptatif aux émotions et suppose que l'individu réalise au cours de sa vie un apprentissage de nature émotionnelle qui guiderait ses choix dans des conditions d'ambiguïté. Nous avons réalisé trois études expérimentales issues de l'association des approches de la psychopathologie, de la psychologie cognitive et de la psychologie du développement. Dans une première étude nous avons ainsi vérifié l'implication de l'alexithymie, un trouble spécifique de l'identification et de la régulation des émotions, dans le déficit décisionnel observé chez les joueurs pathologiques. En étudiant le cas particulier du jeu pathologique, nous avons pu étayer indirectement l'HMS, en démontrant que l'alexithymie pouvait être à la source du déficit décisionnel observé au sein de cette population. Dans une deuxième étude réalisée chez le sujet sain, nous avons développé un nouveau paradigme expérimental d'amorçage émotionnel afin de répondre aux critiques persistantes quant au rôle des processus émotionnels dans la décision sous ambiguïté. Nos données conduisent à penser que la prise de décision sous ambiguïté reposerait bien sur le développement d'un signal émotionnel intégral (i.e., en réponse aux feedbacks), en montrant pour la première fois la possibilité de renforcer ce signal pour une meilleure prise de décision. Dans une troisième étude nous avons examiné le développement, de l'enfance à l'âge adulte, des capacités de prise de décision sous ambiguïté sous l'angle des processus émotionnels mais également des processus cognitifs, et en particulier les stratégies d'ajustement suite aux feedbacks. Cette perspective développementale nous a permis de mieux définir les processus cognitifs essentiels à cette prise de décision sous ambiguïté en suggérant la nécessité d'inhiber une tendance spontanée à modifier son choix après une perte afin de permettre l'apprentissage émotionnel au cœur de la prise de décision sous ambiguïté. En conclusion, les résultats de cette thèse nous ont permis d'enrichir l'HMS, en soulignant la nécessité de prendre en compte les processus émotionnels et cognitifs dans le cadre de la prise de décision sous ambiguïté. |