Resumé |
Cette thèse porte sur l'étude des processus psychiques impliqués dans la mise en acte de la violence hétéro-agressive chez la femme. Le recours à l'acte violent envers autrui est principalement étudié en relation avec la population masculine. L'intérêt porté à la compréhension sexospécifique des violences exercées par les femmes est plus récent ; il est porté par la mise en visibilité statistique des faits féminins de violence, à laquelle on assiste en France et sur le plan international depuis une vingtaine d'années. Conjointement, l'idée d'un « chiffre noir » des violences féminines se confirme à partir du déni socio-historique qui touche la réalité de la violence des femmes. La recherche vise à apporter un éclairage quant au rôle éventuel de défaillances du processus de subjectivation du féminin et de la réalisation de l'identité féminine dans le recours à l'agir violent chez la femme. La première hypothèse soutient l'idée du registre traumatique de la transmission du féminin. La deuxième postule la présence d'une dynamique de clivage défensif de l'identité féminine, se rejouant dans l'acte violent qui vise un « auto-féminicide ». Notre troisième hypothèse est exploratoire. Elle porte sur l'idée que ces femmes signaleraient une souffrance liée à leur identité de femme à travers leur criminalité, en étayage sur l'institution pénitentiaire et son potentiel subjectivant. La méthodologie relève de la démarche clinique, avec la passation de plusieurs entretiens non-directifs et d'une ultime partie semi-directive qui vise à explorer les représentations autour de l'identité féminine et de la violence. Afin de réaliser cette étude, nous avons rencontré des femmes adultes incarcérées en maison d'arrêt pour des faits de violence, avec une approche transversale de la criminalité sans différenciation selon la nature de l'acte. Cette recherche met en évidence la transmission traumatique du féminin pour les femmes rencontrées, en particulier sur le registre du « travail du féminin » prégénital et de l'impasse identificatoire à l'espace maternel primaire, en lien avec des souffrances de la subjectivité ancrée dans le manque fondamental de tendresse. Des formes variables de clivage sont observées, du clivage de survie du moi féminin au clivage fonctionnel objectal. Le clivage est mis en jeu dans l'agir violent entre courant érotique et maternel, mais aussi entre féminité externalisée et féminin interne. La recherche de signalement et traduction de la souffrance du féminin se recentre autour de l'expression de la culpabilité primaire : celle d'être (née) femme. |