Resumé |
De nombreux pays promeuvent le travail indépendant pour ses retombées économiques positives sur la croissance et la création de nouveaux emplois, alors que les avantages en matière de santé ne sont que très récents et controversés. Cette meilleure santé relative est-elle le fruit des bénéfices retirés de cette activité professionnelle ou le résultat d'un effet de sélection travailleur "en bonne santé" ? L'objectif de cette thèse est de décrire et de comprendre l'évolution conjointe de l'état de santé et de la consommation de soins des travailleurs indépendants au miroir du salariat, et d'évaluer des modalités de la politique publique en faveur d'une meilleure protection de ces travailleurs. En utilisant principalement des techniques d'estimation causales, les résultats montrent que les travailleurs indépendants sont en meilleure santé au début de leur vie active (effet de sélection) suivie d'une plus forte détérioration de leur capital santé, en comparaison aux salariés, au fur et à mesure de l'âge (chapitre 1). Simultanément, ils tendent à consommer moins de soins durant les premières années de leur vie professionnelle (effet "must-trade"), mais leur consommation augmente progressivement avec l'âge, en comparaison aux salariés, compte tenu de leur fort taux de dépréciation du capital santé (effet de rattrapage) (chapitre 2). Face aux risques de perte d'autonomie, l'évaluation du Programme d'Actions pour une Retraite Indépendante (PARI), mis en place par le Régime social des indépendants (RSI) en 2015, montre qu'une politique proactive de ciblage d'individus âgés à risques, coordonnée entre sanitaire et social, permet d'améliorer l'accès aux soins sans être inflationniste sur les dépenses (chapitre 3). Finalement, cette thèse remet en question, pour des raisons de santé publique, les politiques publiques qui recommandent de développer le travail indépendant, sans mécanismes adéquats de protection. |