Resumé |
Pourquoi et comment penser depuis le roman, ce « genre » hors-norme qui s'est historiquement trouvé à la croisée de l'ancien et du nouveau ? qui a été à bien des égards la représentation même de la nouvelle poétique se construisant sur les ruines de la hiérarchie fictionnelle du passé ? qui a déployé de nouvelles possibilités aussi bien que de nouvelles apories toutes faisant partie des horizons de la modernité littéraire elle-même ? En nous reposant ces questions, nous examinerons la place privilégiée qu'occupe le roman chez Fredric Jameson et Jacques Rancière qui ont pensé une politique de la littérature : relecture jamesonienne de l'interprétation de textes et contre-lecture ranciérienne de l'Idée de la littérature y sont considérées comme deux points nous conduisant au cœur de notre propre problématique, c'est-à-dire interroger une pensée de la lecture qui, en dépit de leurs divergences méthodiques, fait de Jameson et Rancière avant d'être des critiques littéraires des penseurs de la lecture comme pratique émancipatrice. Pour Jameson et Rancière, le roman semble, tout en se changeant et la forme et le contenu, être la continuité de ses propres remises en question. De Cervantès et son roman archétypal jusqu'à Flaubert et sa quête pour le « mot juste », de Balzac et sa typologie zoologique des espèces sociales jusqu'à Proust et Joyce et leurs livres-mondes tout en passant par les narrations de Conrad, Faulkner et Woolf, nous poursuivons les interventions critiques de Jameson et Rancière dans les champs opérationnels romanesques afin de rouvrir de nouveaux horizons où s'entremêlent les processus philosophiques avec les faits et les situations historico-politiques |