| Resumé |
Aujourd'hui l'ambition d'une biologie inventive et innovante invite à questionner les formes futures de l'activité scientifique. Cependant l'activité extrêmement réglée du laboratoire limite les moyens d'une reconception interne. Le design, par sa façon d'articuler passé, présent et futur permet de capter, voire de faciliter ses transformations. Partant de la description ethnographique d'une équipe de recherche travaillant sur la physique des systèmes biologiques, cette recherche intègre une pratique de design à la sociologie des laboratoires : le choix d'une étude documentaire du laboratoire, à partir d'un inventaire d'objets d'échelles variées permet de reconstituer le laboratoire de façon multidimensionnelle. Le design, par la mobilisation de ses outils, est la ressource qui permet cette reconstitution. Alors que l'activité et le projet scientifique du laboratoire sont définis par l'enchaînement contraint de recherche de financement et de séquences d'évaluations, l'étude révèle que les protocoles scientifiques, incarné dans les objets, définissent la structure de l'espace et de ses transformations : ils sont les liens fonctionnels et conceptuels qui tiennent les strates historiques entre elles. De ce fait, nous faisons l'hypothèse que la modélisation du laboratoire et de son évolution peut servir de support à son projet prospectif. Finalement, les objets deviennent le support d'investissement affectif, imaginatif et procédural sur lequel s'ancre une activité de prospective au présent. La question demeurant, cette attitude intrinsèquement prospective est-elle suffisante pour nourrir une transformation adaptée aux conditions de demain. Cette recherche s'adresse aux designers et aux chercheurs qui ont en commun un questionnement croisé sur leurs pratiques : les pratiques de design dans les laboratoires de recherche sur le vivant d'une part, les pratiques de recherches sur le vivant dans les studios de design d'autre part. Elle reconstitue les modalités qui permettent aux designers et aux chercheurs de travailler ensemble, avec les outils de la science et du design. Ainsi le design trouve place dans le laboratoire, et devient l'auxiliaire de sa plasticité accrue. |