Composition corporelle et métabolisme énergétique au cours du cancer
Body composition and energy metabolism in the patient with cancer
par Guillaume ULMANN sous la direction de Jean-Pascal de BANDT
Thèse de doctorat en Biochimie
ED 563 Médicament, Toxicologie, Chimie, Imageries

Soutenue le jeudi 19 décembre 2019 à Université Paris Cité

Sujets
  • Cancer
  • Cancéreux
  • Corps -- Composition chimique
  • Métabolisme basal

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Mots clés
Cancer, Dépense énergétique de repos, Composition corporelle
Resumé
La cachexie cancéreuse est une complication fréquente du cancer aux conséquences dramatiques sur la survie des patients. Ce syndrome se caractérise par une diminution de la masse musculaire avec ou sans atteinte de la masse grasse dans un contexte inflammatoire et hypercatabolique. L'identification des facteurs responsables de son développement est un élément majeur de la prise en charge des patients. Notre groupe a montré précédemment une prévalence importante des altérations de la dépense énergétique de repos (DER) dans une population hétérogène de patients atteints de cancer. L'hyper et l'hypométabolisme, définis comme une DER mesurée différant notablement de la DER calculée, étaient associés à une diminution de l'efficacité et de la tolérance aux traitements et de la survie. Nous nous sommes donc interrogés sur la signification de ces anomalies de la DER et sur leurs déterminants, et en particulier l'effet de l'âge qui pourrait fragiliser les patients. Dans un premier temps, nous avons caractérisé les effets sur la survie des altérations du métabolisme énergétique dans une population homogène de patients atteints de cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules. Cette étude incluant 144 patients a montré une augmentation du risque de décès de 9 % pour chaque augmentation de 10 % du rapport DER mesurée/DER calculée. Nous montrons également que le seuil de DER mesurée/DER calculé le plus discriminant en matière de survie est 120 % avec un hazard ratio de 2,16 pour la mortalité. Nous nous sommes ensuite intéressés aux déterminants de la DER et en particulier à l'effet de l'âge sur cette DER dans une étude prospective incluant 44 patients atteints de cancer broncho-pulmonaires non à petite cellules. L'analyse multivariée montre que les déterminants principaux de la DER chez ces patients sont le sexe et le poids alors que l'âge n'a pas d'influence significative. En revanche, la DER, lorsqu'elle est rapportée à la masse maigre, n'est plus associée ni au poids ni au sexe mais de façon complexe avec la CRP et la TSH. Ainsi, les statuts inflammatoires et thyroïdiens apparaissent comme les principaux déterminants de la réponse métabolique au cancer. Nos résultats montrent également une corrélation inverse entre la DER rapportée à la masse maigre et le pourcentage de couverture des besoins énergétiques par le patient témoignant d'une incapacité à compenser l'augmentation de leurs besoins énergétiques. Ces deux études soulignent l'importance de l'évaluation, parallèlement à la DER, de la masse maigre et de son évolution chez ces patients. Si le scanner au niveau de la troisième vertèbre lombaire est la méthode de choix chez les patients atteints de cancer, nous avons voulu évaluer les performances de deux méthodes a priori plus adaptée pour le suivi : l'impédancemétrie bioélectrique (BIA) et le rapport créatinine/cystatine C (CC), chez 44 patients atteints de cancers variés. Ces deux méthodes sont bien corrélées avec le scanner en L3 mais avec pour la BIA des limites d'agrément larges. La sensibilité et la spécificité de ces techniques pour la détection d'une masse maigre insuffisante sont modestes, meilleures pour le CC que pour la BIA et meilleures chez l'homme que chez la femme. Une régression linéaire avec étude des modèles imbriqués permet d'améliorer significativement la prédiction du rapport créatinine/cystatine chez l'homme (sensibilité : 89,5 %, spécificité : 100 %). Nos résultats montrent l'importance pronostique de la mesure de la DER et de l'évaluation de la composition corporelle chez le patient atteint de cancer. Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur l'impact que la DER peut ou doit avoir sur la décision thérapeutique. Une meilleure connaissance des mécanismes à l'origine de l'altération du métabolisme énergétique chez le patient atteint de cancer devrait permettre d'identifier de nouvelles cibles et stratégies thérapeutiques.