Différencier la médecine de la recherche translationnelle : l'apport du modèle de l'allo-immunisation plaquettaire foeto-maternelle : repositionner la frontière entre le soin et la recherche dans les pratiques translationnelles
Differentiate medical care from translational research : the contribution of the feto-maternal platelet alloimmunization model : reposition the frontier between care and research in translational practices
par Rachel PETERMANN KHDER sous la direction de Marie-France MAMZER
Thèse de doctorat en Éthique médicale
ED 262 Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion

Soutenue le vendredi 06 novembre 2020 à Université Paris Cité

Sujets
  • Antigènes plaquettaires humains
  • Éthique médicale
  • Foetus
  • Recherche médicale translationnelle
  • Thrombocytopénie
Le texte intégral n’est pas librement disponible sur le web
Vous pouvez accéder au texte intégral de la thèse en vous authentifiant à l’aide des identifiants ENT d’Université Paris Cité, si vous en êtes membre, ou en demandant un accès extérieur, si vous pouvez justifier de de votre appartenance à un établissement français chargé d’une mission d’enseignement supérieur ou de recherche

Se connecter ou demander un accès au texte intégral

Les thèses de doctorat soutenues à Université Paris Cité sont déposées au format électronique

Consultation de la thèse sur d’autres sites :

Theses.fr

Description en anglais
Description en français
Mots clés
Thrombopénie néonatale allo immune, Antigènes plaquettaires humains, Diagnostic prénatal, Maladies rares, Soin, Recherche translationnelle, Médecine translationnelle
Resumé
Les principes internationaux de l'éthique de la recherche reposent sur le principe selon lequel les pratiques de recherche et de soin sont distinctes. D'un côté de la frontière, les actes justifiés par les soins ont pour objectif d'améliorer l'état de santé de personnes malades grâce à des interventions dont la validation scientifique a déjà eu lieu. De l'autre, une personne saine ou malade est exposée à un risque non justifié par ses soins, du fait d'une intervention qui vise à tester la validité d'une hypothèse scientifique. L'émergence depuis une vingtaine d'années de pratiques qualifiées de « translationnelles », suggère que dans certaines circonstances, le va-et-vient de part et d'autre de cette frontière est légitime, dans un souci d'efficience et d'accélération de l'application des résultats de la recherche aux soins. Ainsi, notamment dans le cadre de la prise en charge de maladies rares, de nouvelles pratiques de recherche, qualifiées de « non interventionnelles » et l'émergence et l'utilisation des nouvelles technologies viennent requestionner la légitimité de maintenir une frontière étanche entre le soin et la recherche. En s'appuyant sur la littérature et sur l'étude d'un cas dramatique de thrombopénie fœtale et néonatale allo-immune, l'objectif de notre travail était de préciser les contours respectifs de la recherche et de la médecine translationnelle en faisant l'hypothèse que ces deux types de pratiques peuvent être différenciées. Partant de l'observation critique des pratiques au sein d'un laboratoire de référence, l'étude du processus de prise en charge des échantillons biologiques a révélé l'existence d'une certaine porosité entre le soin et la recherche, dont nous avons voulu comprendre les fondements et leur transposabilité par trois enquêtes qualitatives de terrain. Après avoir confronté nos résultats avec la littérature analytique sur les pratiques translationnelles en santé, nous suggérons que la différence entre médecine et recherche translationnelle soit faite en prenant en compte conjointement la nature de l'intervention réalisée, son ou ses bénéficiaires, le niveau de risque encouru par l'individu exposé et son engagement dans le processus. Nous proposons de définir la médecine translationnelle comme un processus centré sur l'individu et destiné à augmenter ses chances d'avoir accès à un diagnostic, par la mise en oeuvre de toutes technologies susceptibles d'y contribuer par des équipes compétentes et reconnues, travaillant dans des structures labellisées, hébergées au sein d'établissements de soins afin de fluidifier les échanges entre les patients, les cliniciens et les biologistes spécialisés. Néanmoins, dénier totalement l'existence d'une frontière entre les pratiques de soin et de recherche apparait comme une régression inacceptable en matière de respect et de protection des personnes, notamment lorsqu'il s'agit de développer de nouvelles thérapeutiques, et plus généralement dès lors que les conditions expérimentales nécessaires à la validation d'une hypothèse médico-scientifique expose les personnes à des risques spécifiques liés à leur engagement dans le processus. Nous plaidons donc pour un repositionnement de la frontière entre le soin et la recherche dans les pratiques translationnelles en santé, particulièrement lorsqu'il s'agit des maladies rares. Dans le contexte des pratiques de diagnostic, la médecine translationnelle pourrait alors se définir comme un processus centré sur l'individu afin d'augmenter ses chances d'avoir accès au diagnostic par la mise en œuvre de toutes les technologies disponibles par des équipes compétentes. Un nouveau modèle organisationnel des laboratoires de référence pourrait être proposé sur les bases du modèle éthique de continuum entre le soin et la recherche permettant aux personnes concernées, positionnées au centre du processus translationnel pour leur santé, d'être simultanément patient et sujet de recherche.