Mots clés |
Régulation, Évaluation, Assurance qualité externe, Assurance qualité interne, Gestion de la qualité, Enseignement supérieur, Éducation comparée |
Resumé |
Cette thèse part du constat qu'un modèle mondialisé de réforme de l'enseignement supérieur s'est imposé au cours des trente dernières années sur le plan international. Ce modèle emprunte ses idées aux préceptes de la nouvelle gestion publique, accordant plus d'autonomie aux établissements supérieurs en échange de mécanismes renforcés de reddition des comptes. Un des axes de réforme de ce modèle est la mise en place de mécanismes d'assurance qualité externe (AQE), au niveau des pays, et d'assurance qualité interne (AQI), au niveau des établissements. Ces réformes sont également appuyées par les organisations internationales. L'AQI s'est donc progressivement généralisée comme une réforme indispensable sur le plan mondial, mais avec beaucoup de variations entre pays et établissements. À notre connaissance, il n'existe aucun travail empirique interrogeant les raisons de la convergence et de la variation dans les manifestations d'AQI sur le plan international. Le lien existant entre régulation nationale et AQI est particulièrement absent des débats et des études empiriques concernant ce sujet. Le but de notre recherche est donc d'interroger l'institutionnalisation de l'AQI dans l'enseignement supérieur sur le plan international et, par le biais de la théorie néo-institutionnelle, d'examiner si elle présente un phénomène d'isomorphisme global. Nous cherchons également à comprendre le rôle de la régulation nationale et, notamment, de l'assurance qualité externe (AQE) dans la mise en place de l'AQI. Et finalement, nous cherchons à connaître la nature et le degré d'institutionnalisation de l'AQI dans les établissements supérieurs au niveau international. Nous avons fait appel à une méthodologie mixte quantitative et qualitative, visant à baliser les contours d'une reforme mondialisée, tout en l'explorant en profondeur. Nous avons exploité une enquête internationale et élaboré trois études de terrain, qui ont porté sur des pays aussi différents que l'Allemagne fédérale, le Bahreïn et la Chine, chacun disposant d'un cadre de régulation spécifique. Dans le cadre de nos analyses, nous avons exploité la littérature scientifique, des textes officiels, et des données d'entretiens semi-directifs. Puis, dans chacun de ces pays nous avons étudié une université en particulier pour analyser les manifestions d'AQI. Notre analyse montre comment les trois pays, partant d'une approche de régulation assez différente, convergent finalement vers un modèle similaire de réforme. L'AQE et l'AQI en font clairement partie, l'AQI présentant clairement un isomorphisme global. Mais, malgré un objectif d'autonomisation des établissements, l'État renforce de fait son pouvoir sur l'enseignement supérieur. Nous avons établi que ce type de régulation conditionne aussi une approche coercitive de l'AQI, qui génère des manifestations d'AQI propres à chaque pays en termes d'outils et de procédures. Elle devient une obligation pour les établissements, et son fonctionnement est régi par les autorités nationales, alors qu'elle est censée appuyer leur autonomie et leur autorégulation. C'est la même approche coercitive qui conditionne aussi le fait que l'AQI s'institutionnalise, à un niveau faible ou moyen, au niveau des trois universités étudiées. |