Les visages des sportifs : analyse des expressions faciales et des sous-rôles sociomoteurs par des observateurs selectionnés
The faces of sportsmen : analysis of facial expressions and sociomotor sub-roles by selected observers
par Loïc LECROISEY sous la direction de Luc COLLARD
Thèse de doctorat en Sciences du sport
ED 566 Sciences du Sport, de la Motricité et du Mouvement Humain

Soutenue le mercredi 15 novembre 2017 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Expression du visage
  • Expression émotionnelle
  • Mécanique humaine

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Mots clés
Conduite motrice, Émotion sportive, Expression faciale, Ludogramme émotionnel, Logique interne
Resumé
Parlebas (1970) affirmait déjà, il y a plus de quarante ans, « l'affectivité est la clef des conduites motrices ». De nombreux travaux se sont concentrés sur la verbalisation des émotions en contexte sportif. A priori ou a posteriori, c'est le sportif qui détermine ce qu'il ressent. Est-il possible de proposer une approche qui viendrait s'adjoindre à celles existantes afin de s'intéresser aux émotions qui naissent durant l'action motrice? L'objet de ce travail porte sur la mise en œuvre d'une méthodologie d'observation qui permet de préserver le caractère écologique de l'émotion sportive. Nous l'envisageons à partir du décryptage des mimiques émotionnelles et des actions du joueur. À l'appui des travaux de Frijda et Tcherkassof (1997), Tcherkassof (2008), Parlebas (1999), Collard (2004), Oboeuf (2010) nous décryptons les émotions et les sous-rôles moteurs actualisés par le joueur en utilisant les expressions faciales et les tendances à l'action. Dans un premier temps, nous créons un test de reconnaissance des expressions faciales sportives. Nous le soumettons à des étudiants STAPS afin d'objectiver des capacités de décodage des visages. Nous constatons que la spécialité sportive a un impact sur la performance. Les résultats suggèrent que les spécialistes des activités de coopération sont de bons décodeurs. Les spécialistes de l'opposition « avec agressivité motrice limitée » sont assez bons. Les combattants sont de piètres décodeurs malgré qu'ils reconnaissent parfaitement la peur. Les spécialistes des activités psychomotrices sont plutôt mauvais mais peu en lien avec cette habileté de décodage. Dans un second temps, nous utilisons les excellents décodeurs sélectionnés grâce à notre test afin qu'ils analysent des vidéos de sportifs en action motrice. Grâce à une caméra embarquée, les visages de chaque joueur peuvent être recensés et analysés dans deux jeux sociomoteurs : la balle assise et l'ours et son gardien. Les observateurs formés et sélectionnés retranscrivent dans une grille d'analyse situationnelle les expressions faciales prototypiques d'une émotion et les sous-rôles sociomoteurs que le joueur actualise (Oboeuf, 2010). Cette grille est un ludogramme émotionnel (Parlebas, 1999). Les seconds types de résultats ainsi recueillis nous invitent à penser qu'il y a des émotions typiques de certaines actions. Lorsqu'elle précède un sous-rôle, la colère est celle de la frappe ou du tir puissant tandis que la peur est celle de l'esquive. Lorsqu'elle succède un replacement ou une interaction de marque favorable, la joie est un retour sur l'objectif du jeu et la douleur est consentie par le contrat ludique. En tant que processus, l'émotion permet au sportif de choisir la conduite motrice qu'il doit mettre en œuvre. En tant que résultat de l'action, l'émotion est une information sur l'atteinte du but du jeu. L'ensemble de nos résultats nous invite à valider cette méthodologie. Il sera désormais nécessaire de reproduire ce type d'étude dans de nombreux sports.