Mots clés |
Adénocarcinome, Pancréas, Ampullome, Ultrasons, Cavitation, Brusatol, Nrf2, Stress oxydant, Radiofréquence, Chimiothérapie, Oxalipatine, Gemcitabine, Sphéroïde |
Resumé |
L'adénocarcinome pancréatique (AP) connaît une forte augmentation d'incidence, qui en fait la quatrième cause de mortalité par cancer avec un pronostic extrêmement sombre, moins de 5% des patients étant en vie à 5 ans. De nombreuses avancées dans la compréhension de l'oncogénèse pancréatique notamment sur les aspects génétiques, immunitaires et sur les interactions cellulaires du stroma tumoral ont permis d'envisager le développement de nouvelles stratégies de traitement. Cependant malgré des résultats pré-cliniques très encourageants aucune de ces stratégies n'a encore permis l'émergence d'un traitement plus efficace que la chimiothérapie standard. Ce travail de thèse a abordé 2 approches thérapeutiques innovantes distinctes mais potentiellement complémentaires dans le traitement de l'adénocarcinome pancréatique en étudiant in vitro (cultures cellulaire 2D et 3D) et in vivo (modèles ectopiques et orthotopiques) les effets sur la croissance tumorale de l'inhibition d'un acteur important du stress oxydant (la voie Nrf2) d'une part, de la combinaison d'une chimiothérapie liposomale et d'un agent physique, la cavitation ultrasonore, d'autre part. La cavitation ultrasonore est un effet mécanique des ultrasons permettant d'augmenter l'internalisation de molécules ou de gènes dans les cellules. Dans cette thèse, la faisabilité et l'efficacité de la combinaison d'une chimiothérapie liposomale ciblée par la cavitation ultrasonore a été évaluée dans des modèles murins orthotopiques d'AP. Un système de délivrance d'ultrasons a été adapté afin d'appliquer une cavitation inertielle focalisée sur des xénogreffes d'AP créées après l'injection de doxorubicine liposomale (L-DOX) selon une étude pharmacocinétique préliminaire réalisée dans un modèle murin. La L-DOX, conçue à base de phospholipides non saturés de dioleoylphosphatidyléthanolamine, connue pour être stable dans la circulation sanguine, a été choisie afin de maximiser son accumulation et le relargage du principe actif lors de la délivrance des ultrasons. Nous montrons que l'association de la L-DOX à la cavitation inertielle permet de réduire in vivo le volume tumoral dans un modèle orthotopique d'AP chez la souris nude. La cavitation inertielle peut donc augmenter l'effet antitumoral des liposomes porteurs de chimiothérapie avec un effet mécanique minimal sur le tissu environnant la tumeur.Des études récentes suggèrent que Nrf2 est une cible de choix pour vaincre la chimiorésistance de l'AP. Des méthodes in vitro et in vivo ont été utilisées afin d'examiner l'effet du brusatol associé à des agents chimiothérapeutiques de référence sur la mort cellulaire et son impact sur le stress oxydant. Nous montrons que l'inhibition de la voie Nrf2 par le brusatol, un composé naturel issu de Fructus Bruceae, potentialise les effets de la chimiothérapie et permet l'inhibition de la croissance tumorale in vitro sur des lignées cellulaires d'AP cultivées en 2D et 3D. Cette inhibition s'accompagne d'une modulation du stress oxydant dont témoignent l'augmentation des espèces réactives de l'oxygène (ROS) et la diminution du glutathion (GSH). In vivo, la combinaison du brusatol et de l'oxaliplatine a réduit le volume tumoral dans deux modèles murins de xénogreffe d'AP. Ces résultats suggèrent l'efficacité du brusatol pour lutter contre la chimiorésistance et renforce l'hypothèse d'un rôle clinique potentiel de l'inhibition de Nrf2 comme adjuvant à la chimiothérapie dans l'AP. Un travail clinique a également été mené en parallèle sur une modalité de traitement physique innovante, la radiofréquence endobiliaire, dans la prise en charge endoscopique de l'ampullome vatérien, tumeur rare à la croisée entre le tube digestif et le système biliopancréatique. Les résultats de cette étude prospective multicentrique seront également présentés dans cette thèse. |