Mots clés |
Domination, Colonisation, Impérialisme, Capitalisme, Hégémonie, Afrique de l'Ouest, Occident, Aide publique au développement, Interdépendance socio-politique, Interdépendance sécuritaire |
Resumé |
Vers la fin du XIXe siècle, en Europe de l'Ouest, la promotion et la mise en œuvre des doctrines promouvant les avantages économiques, géopolitiques mais aussi les vertus humanitaires prêtés à l'expansion coloniale accoucheront de la conquête des souverainetés traditionnelles ouest-africaines, puis de leur colonisation par deux principales nations européennes conquérantes de l'époque: la France et la Grande-Bretagne. L'analyse des mobiles de l'expansion coloniale européenne, ainsi que la description à travers le temps des systèmes de domination politique et d'exploitation économique des «empires africains» de l'Europe seront à la base des théories classiques puis nouvelles de l'impérialisme. A partir de cette période, l'impérialisme occidental en Afrique de l'Ouest, qui est d'abord européen de la fin du XIXe siècle jusqu'à la fin des années 1950, a été forcé d'évoluer à travers le temps, chaque fois qu'une crise coloniale est survenue. Dans le cas spécifique de l'Afrique de l'Ouest, la confrontation des théories de l'impérialisme à l'analyse historique et régressive progressive des relations afro-occidentales depuis les premières conquêtes coloniales nous a révélé que l'impérialisme occidental s'y est manifesté sur quatre principales phases chronologiques. Ainsi, la première phase de domination européenne dans l'ouest-africain, qui consacre la toute puissance de l'administration coloniale et de ses agents économiques, débute avec les conquêtes coloniales, en passant par les processus d'horogenèse et prend fin avec la première crise coloniale à la fin de la deuxième guerre mondiale, sous l'impulsion des nationalismes africains, des revendications socio-politiques populaires sporadiques naissantes, puis sous l'effet des pressions internationales. Afin de repousser ces facteurs centrifuges, la deuxième phase de l'impérialisme occidental, qui est toujours européen, a davantage procédé de la nécessité pour les métropoles de concéder des réformes d'inclusion socio-économique et politiques des peuples autochtones dans la vie coloniale, dans le dessein principal de conserver leur statut de sommet de leurs empires respectifs. Mais, ces réformes métropolitaines échoueront à juguler les revendications nationalistes naissantes. Cet échec conduira à la troisième phase de l'impérialisme occidental qui a consisté, devant l'inéluctabilité de l'auto-détermination, à conditionner les indépendances africaines à des conventions bilatérales consacrant l'acceptation de l'hégémonie post-coloniale, à des degrés divers, des ex-métropoles. Ainsi, une fois les indépendances africaines proclamées, la quatrième phase de l'impérialisme sera, non seulement, européenne mais aussi dorénavant américaine. Car aux politiques hégémoniques, de prédation des ressources naturelles et de préservation des intérêts économiques menées par les deux ex-métropoles européennes dans leurs ex-empires africains, viendront s'ajouter celles des États-Unis à l'heure de la guerre froide. Cette quatrième phase se déclinera, tant sous la forme bilatérale traditionnelle, souvent en accord avec les élites africaines, que sous celle plus légitime et moins ostensible de l'instrumentalisation des régimes internationaux incarnés par les organisations et accords internationaux à vocation essentiellement politique et économique. Sauf que, depuis la fin des années 1990, cette quatrième et dernière phase connaît elle-aussi sa première crise, que l'on peut vérifier sur la base de divers facteurs et indicateurs tangibles. Ce sont, d'une part, les inflexions des politiques hégémoniques occidentales post-coloniales à l'heure des effets pervers de la mondialisation, qui doivent être entendues comme une prise de conscience afro-occidentale commune face aux chocs d'interdépendance inédits entre pays africains fragilisés et pays occidentaux entrevus ou constatés depuis la fin des années 1990. |