Déterminants et conséquences du dégoût physique et moral : du jugement stéréotypé à la déshumanisation
Determinants and Consequences of Physical and Moral Disgust : from Stereotypical Judgment to Dehumanization
par Audrey ABITAN sous la direction de Ewa DROZDA-SENKOWSKA
Thèse de doctorat en Psychologie sociale
ED 261 Cognition, Comportements, Conduites Humaines

Soutenue le vendredi 23 novembre 2012 à Université Paris Descartes ( Paris 5 )

Sujets
  • Aversion
  • Émotions
  • Préjugés
  • Stéréotype (psychologie)

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Mots clés
Dégoût physique,Dégoût moral,Émotion intégrale,Jugement stéréotypé,Déshumanisation
Resumé
Le dégoût est une émotion au cœur de notre vie individuelle et collective. A la fois « gardien » du corps et de l'esprit, un dégoût physique se distingue d'un dégoût moral. Dans une première recherche (Etude 1), nous avons examiné les caractéristiques de ces deux types de dégoût à partir de récits d'expériences émotionnelles vécues. Une analyse de contenu thématique ainsi qu'une analyse lexicale informatisée de ces récits (logiciel ALCESTE) ont mis en évidence que le dégoût physique passe par les sens et émerge lors de situations où l'individu est « acteur » de ce qui se passe alors que le dégoût moral, moins pur car mêlé de colère et de tristesse, serait ressenti après observation et évaluation d'une situation de transgression morale (ex. trahison). Le second objectif de cette thèse était d'examiner les conséquences du dégoût physique et moral sur la perception stéréotypée et déshumanisée d'autrui (Dasgupta et al., 2009 ; Harris & Fiske, 2006 ; Tiedens & Linton, 2001). Deux recherches (Etudes 2 et 3) nous ont permis de mettre en évidence qu'une compatibilité entre le dégoût incident (i.e. induit indépendamment de la cible de l'évaluation) et le dégoût intégral chronique (i.e. suscité par l'appartenance groupale de la cible) conduit les individus à baser davantage leur jugement sur leurs stéréotypes. De plus, l'étude 3 suggère de considérer dans ce processus, outre le dégoût chronique, le dégoût intégral épisodique (i.e. évoqué par le comportement de la cible ; Bodenhausen, 1993). Dans une quatrième étude, nous avons examiné l'impact d'une compatibilité entre le dégoût chronique et épisodique sur la perception stéréotypée. Les résultats montrent que cette compatibilité conduit à une stéréotypie plus importante lorsque la cible appartient à un groupe protégé (i.e. obèse). En outre, cette recherche met au jour le rôle du dégoût comme facteur de déshumanisation, mais aussi l'effet d'une émotion positive de sympathie dans le processus de « ré-humanisation ». L'ensemble de ce travail souligne le rôle clé des émotions intégrales dans la perception sociale et laisse apparaître la nécessité de s'intéresser au dégoût et à ses effets afin de comprendre et de lutter contre l'exclusion sociale dont certains groupes sont victimes