Vaccination anti-pneumococcique chez les sujets à risque d'infections invasives à pneumocoques et prévention de l'hyporéponse
Anti-pneumococcal vaccines in patients at risk of invasive pneumococcal disease and prevention of hyporesponsiveness
par Mathilde BAHUAUD sous la direction de Frédéric BATTEUX
Thèse de doctorat en Immunologie
ED 562 Bio Sorbonne Paris Cité

Soutenue le jeudi 27 septembre 2018 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Effets des médicaments
  • Infections à pneumocoque
  • Vaccination

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Mots clés
Vaccination anti-pneumococcique, Vaccin polysaccharidique, Hyporéponse, Streptococcus pneumoniae, Pneumocoque, Infections invasives à pneumocoque
Resumé
Deux vaccins sont actuellement disponibles pour la prévention des infections invasives à pneumocoques (IIP) : un vaccin polysaccharidique Pneumovax® (PPV23) et un vaccin conjugué Prevenar13® (PCV13), induisant respectivement une protection contre 23 et 13 sérotypes. Le PPV23 est considéré comme faiblement immunogène, en particulier chez les personnes âgées et les patients immunodéprimés. Le PCV13, en revanche, en raison de la conjugaison à une protéine porteuse, présente l'avantage d'induire une réponse immunitaire T-dépendante, non observée avec le vaccin PPV23. Dans notre travail nous avons donc évalué l'impact des stratégies vaccinales utilisant le PCV13 et le PPV23 sur différentes populations de patients à risque. Dans une première étude, nos résultats sur la vaccination anti-pneumococcique chez des patients atteints de myélome indolent (SMM) ont montré qu'une dose de PCV13 seul, induisait une réponse immune transitoire et de faible persistance. Ces résultats suggéraient l'utilisation d'un schéma vaccinal incluant plusieurs doses de PCV13 ou une association avec le PPV23. Depuis 2013, ce schéma combiné du PCV13 et du PPV23 est le schéma recommandé par la Haute Autorité de Santé en France chez les patients à risque, avec les délais suivants : une dose de PCV13 suivie d'une dose de PPV23, 8 semaines après. Nous avons par la suite étudié cette stratégie vaccinale combinée chez des patients à risque d'IIP : patients atteints de lupus érythémateux systémique (SLE) et patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR). Nos résultats montrent une immunogénicité à court terme de la stratégie combinée, mais une protection qui ne persiste pas au-delà de deux ans. De façon surprenante, les taux d'anticorps 2 ans après la vaccination, sont inférieurs aux taux pré-vaccinaux pour les patients PR. Cet effet délétère du PPV23 sur la réponse vaccinale induite par le PCV13 est appelé hyporéponse. Ce phénomène, observé chez les patients PR, ne se retrouve pas chez les patients SLE dont la vaccination PPV23 a été effectuée plus à distance du PCV13. Ces résultats suggèrent que le schéma vaccinal plus tardif (c'est-à-dire une vaccination par le PPV23 six mois après le PCV13 au lieu de deux mois) inhiberait le phénomène d'hyporéponse. Dans une troisième partie, nous avons comparé différents schéma vaccinaux modulant les doses des vaccins et les délais d'injection chez des volontaires sains mais également dans un modèle murin d'hyporéponse développé au sein du laboratoire. Notre hypothèse était que la modulation du schéma vaccinal utilisant les 2 vaccins pouvait à la fois induire une protection à long terme et prévenir l'hyporéponse. Nos résultats ont montré que l'utilisation d'une dose diminuée de PPV23 ou l'injection concomitante des deux vaccins n'empêchaient pas l'hyporéponse. En revanche, en allongeant le délai entre le PCV13 et le PPV23, le phénomène d'hyporéponse est limité. Des études cliniques chez les patients à risque d'IIP sont nécessaires afin d'évaluer une stratégie combinée tardive, où le PPV23 serait reçu au moins 6 à 12 mois après le PCV13.