Tâche préscripturale, Écriture, Maturation du geste graphomoteur, Développement de l'enfant, Dysgraphie, Paramètres spatio-temporels, Cinématique, Sémiologie des troubles de l'écriture, Étiologie

Les troubles de l'écriture sont prépondérants chez les enfants en cours d'apprentissage à l'école primaire. Leurs nature et origine sont pourtant mal connues. Dans cette étude, nous avons d'abord cherché à connaître l'organisation développementale typique du geste graphique du CP au CM2 (n=331), à la fois sur le plan de la posture et de l'organisation segmentaire et articulaire du bras scripteur par une reconstruction vidéo en 2D (n=122), et concernant les paramètres cinétiques et cinématiques de tracés de boucles cycloïdes et de l'écriture avec un stylo numérique (n=331). Ensuite, sur un échantillon d'enfants du CP au CM2 manifestant un trouble de l'écriture (n=35), nous avons étudié ces mêmes données au regard des normes acquises dans notre échantillon typique. Nous les avons mises en relation avec les résultats obtenus à l'échelle standardisée d'évaluation rapide de l'écriture chez l'enfant (BHK) et de plus, avec un ensemble d'évaluations cliniques : neuropsychomotrices, neuropsychologiques et de l'oculomotricité. Les résultats ont montré une évolution développementale de la coordination ostéo-articulaire du geste graphique du CP au CM2 pouvant être mise en évidence par l'analyse simultanée des caractéristiques posturo-gestuelles avec la cinétique et la cinématique des tracés. Ceci nous a permis de fournir les premières normes développementales de l'organisation typique du geste graphique qui font ressortir cinq patterns de mouvement montrant une diminution des degrés de liberté de mouvement vers un contrôle graphomoteur de plus en plus distal. Cet apport comble un manque de connaissances dans les pratiques cliniques comme en recherche. Grâce à la validation de ces normes, nous avons montré qu'il existe, d'une part une immaturité du geste graphique, et d'autre part des paramètres cinétiques et cinématiques des tracés spécifiquement impactés chez les enfants porteurs d'un trouble de l'écriture. Ces données ont été analysées en lien avec les résultats des évaluations cliniques, ce qui a permis de mettre en exergue une typologie variée et complexe des troubles de l'écriture et d'émettre des hypothèses quant à leurs étiologies possibles. Différents niveaux de troubles ont été soulignés, la dysgraphie devant être considérée comme une atteinte plus marquée caractérisée par une dégradation importante de la qualité de l'écriture liée à l'association de plus nombreuses co-occurences que dans les troubles de l'écriture légers à modérés. Des associations de co-occurences récurrentes expliquant 28% de la variance totale de notre échantillon d'enfants manifestant un trouble de l'écriture ont été mise en évidence par une analyse factorielle. Ceci a permis d'extraire trois groupes d'enfants : un groupe présentant majoritairement un trouble de l'écriture léger à modéré caractérisé par une co-occurence de troubles d'ordre psycho-affectif ; un autre manifestant majoritairement un trouble de l'écriture léger circonstancié par une co-occurence de troubles du tonus et des coordinations globales ; un dernier groupe présentant majoritairement une dysgraphie marqué par une co-occurence de troubles visuo-spatiaux/constructifs et attentionnels découlant d'un trouble de la fixation oculaire. Ainsi, ce qui est trop souvent désigné indifféremment comme une dysgraphie ou un trouble de l'écriture présente une nosographie appuyant la nécessité d'une évaluation transdisciplinaire avec des outils normés pour permettre un diagnostic précis. Les retombées de nos travaux pourront permettre d'une part, un repérage et des mesures prophylactiques et d'autre part, une orientation plus adaptée et spécifique de la prise en charge de ces enfants qui, pour certains, bénéficieront d'une rééducation du geste graphomoteur quand d'autres devront supporter une prise en charge plus approfondie ou utiliser un ordinateur à l'école pour compenser leurs difficultés d'écriture.