Ascension et fragilisation d'une petite bourgeoisie culturelle : une enquête ethnographique dans une ville moyenne en déclin
Commit to culture : ascension and weakening of the cultural pole of a declining average city
par Élie GUÉRAUT sous la direction de Olivier SCHWARTZ et de Nicolas RENAHY
Thèse de doctorat en Sociologie
ED 180 Sciences Humaines et Sociales : Cultures, Individus, Sociétés

Soutenue le vendredi 16 novembre 2018 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Classes moyennes
  • Culture
  • France
  • Nevers (Nièvre)
  • Sociologie
Le texte intégral n’est pas librement disponible sur le web
Vous pouvez accéder au texte intégral de la thèse en vous authentifiant à l’aide des identifiants ENT d’Université Paris Cité, si vous en êtes membre, ou en demandant un accès extérieur, si vous pouvez justifier de de votre appartenance à un établissement français chargé d’une mission d’enseignement supérieur ou de recherche

Se connecter ou demander un accès au texte intégral

Les thèses de doctorat soutenues à Université Paris Cité sont déposées au format électronique

Consultation de la thèse sur d’autres sites :

Theses.fr

Description en anglais
Description en français
Mots clés
Sociologie de l'État et des politiques publiques, Sociologie des classes sociales et des inégalités, Sociologie de la culture et des pratiques culturelles, Sociologie urbaine et des territoires, Villes moyennes en déclin, Mobilités résidentielles
Resumé
« Petite bourgeoisie nouvelle » (Bourdieu, 1979), « nouvelles couches moyennes » (Bidou, 1984), « gentrifieurs » (Collet, 2015), « bobos » (Brooks, 2000), « bourgeoisie progressive » (Tissot, 2011), etc., depuis maintenant plus de quarante ans, les qualificatifs savants et ordinaires qui visent à désigner les fractions intellectuelles des classes moyennes et supérieures ne manquent pas. Cette abondance est bien sûr liée à l'hétérogénéité sociale de ces populations qui, saisies à travers des époques et des contextes socio-spatiaux divers, n'ont guère en commun qu'une tendance à l'accumulation et à la valorisation du capital culturel. Toutefois, ces recherches focalisent leur attention sur le seul cas des grandes agglomérations, laissant dans l'ombre celui des villes petites et moyennes (les unités urbaines de moins de 100 000 habitants), qui assurent pourtant des fonctions territoriales fortes et concentrent près d'un tiers de la population française (Insee, RP 2013). Cette thèse repose sur des matériaux ethnographiques et statistiques collectés dans le cadre d'une enquête localisée au long cours (2010-2018). Elle interroge la crise de la reproduction du « pôle culturel » d'une ville moyenne en décroissance (Nevers) et place ainsi la focale sur ces espaces en marge des grandes agglomérations et des dynamiques de gentrification qui s'y observent. Constitué de salariés directs et indirects de la « main gauche de l'État » décentralisée et déconcentrée, d'artistes, de militants associatifs et politiques, le pôle culturel neversois connaît une ascension importante dans les années 1980 et 1990, portée par les politiques culturelles dites de « démocratisation », le développement de la Fonction Publique Territoriale, ainsi que la professionnalisation du monde associatif (chapitres 1 et 2). Cette ascension ne concerne cependant que la génération née dans les années 1960, dont les membres, devenus élus socialistes, artistes-plasticiens reconnus, directeurs d'associations, d'institutions culturelles et des services des collectivités, forment dès les années 2000 une petite bourgeoisie culturelle locale. Elle s'oppose en cela aux générations nées dans les années 1970 et 1980, qui, malgré l'expérience d'études supérieures dans une grande agglomération et leur engagement dans des activités associatives et artistiques, ne rencontrent pas le succès des « reconversions militantes » de leurs aînés (chapitres 3 et 4). Cette fragilisation du groupe, sous les effets conjugués des politiques de réduction des dépenses publiques et des dynamiques dites de « métropolisation », est redoublée par la défaite des socialistes aux élections municipales de 2014, après quarante-trois années au pouvoir, au profit d'une nouvelle majorité composée d'élus « sans étiquette », UMP et UDI. Le déclin du pôle culturel neversois se fait alors en raison de plusieurs facteurs : crise de la représentation politique, précarité et incertitude au travail pour les jeunes générations, menace du travail d'appropriation de l'espace public et de certains lieux de sociabilité (cafés, locaux associatifs, équipements culturels, etc.). Autour de cette trajectoire descendante collective, on observe dans les conduites de sociabilité de ce groupe d'interconnaissance une forte tendance à l'agrégation affinitaire et au rejet de l'altérité sociale. La croissance démographique des classes populaires précarisées dans le centre-ville est par exemple commentée avec inquiétude et regret, donnant lieu à des manifestations particulièrement aiguës de mépris social, qui se donnent à voir sans tentative d'euphémisation ou de dissimulation (chapitre 6).