Mots clés |
Accident vasculaire cérébral, Imagerie par résonance magnétique, Diffusion, Perfusion, Pénombre, Pronostic, Thrombolyse |
Resumé |
Après traitement d'un AIC par thrombolyse, les lésions ischémiques en diffusion peuvent être réversibles, stables et/ou progresser. Cette thèse a pour objectif d'étudier en IRM ces phénomènes de réversibilité et de progression, de mieux comprendre leur physiopathologie, et d'appréhender le rôle pronostic du volume des lésions en diffusion. La réversibilité en diffusion a été rapportée après recanalisation artérielle, chez l'animal et chez l'homme. Dans notre cohorte de 155 patients, nous avons étudié ce phénomène par une analyse voxel à voxel sur des IRM avant et 24h après thrombolyse. Nous avons montré que la réversibilité des anomalies en diffusion à 24h était fréquente et surtout persistait sur une IRM plus tardive (médiane 54h) pour plus de 70% des voxels [58.0-85.9], suggérant que ce phénomène n'était pas transitoire. De plus, seule la réversibilité permanente était associée à une amélioration neurologique à 24h (OR=1.15, CI95%[ 1.03-1.27], P=0.008 par mL). La substance blanche a été décrite comme plus résistante à l'ischémie sur des modèles murins. Chez l'homme, nous avons confirmé la prédominance en substance blanche des phénomènes de réversibilité, avec une probabilité de régression plus importante pour un voxel de substance blanche que pour un voxel de substance grise. Ces résultats pourraient aider à identifier avant décision thérapeutique les lésions potentiellement réversibles, c'est-à-dire celles prédominant en substance blanche. Même s'il existe une association entre le volume de lésion en diffusion avant traitement et le pronostic fonctionnel à 3 mois, la réversibilité des lésions pourrait remettre en cause les seuils de volume au-delà desquels une revascularisation pourrait être futile. En effet, en limitant la progression des anomalies en diffusion et en favorisant leur régression, la revascularisation pourrait aussi avoir un impact sur le pronostic fonctionnel des patients avec un large volume lésionnel (¿70mL). Dans une population de 267 patients avec un infarctus de l'artère cérébrale moyenne traités par thrombolyse, 54 avaient un volume en diffusion ¿70mL, dont 12(22%) avaient un pronostic fonctionnel favorable à 3 mois. L'odds-ratio de la recanalisation pour le pronostic fonctionnel favorable dans le groupe ¿70mL était de 4.87 [1.15-20.73], P=0.03 en faveur d'un impact positif de la recanalisation même dans ce groupe. En l'absence de reperfusion, les anomalies en diffusion progressent au sein de la pénombre ischémique. Selon le modèle « core/pénombre », cette progression lésionnelle ne doit pas s'accompagner d'une aggravation neurologique. Nous avons formulé l'hypothèse que si elle survenait au-delà de la pénombre (dans des zones asymptomatiques), elle s'accompagnerait d'une détérioration neurologique. La détérioration neurologique précoce non expliquée (absence de transformation hémorragique, d'œdème malin ou d'autre cause identifiable) est observée chez 7% de nos 309 patients thrombolysés. Nous avons validé l'hypothèse initiale d'une progression des anomalies en diffusion au-delà de la pénombre chez ces patients. Par une analyse voxel à voxel, elle était présente chez 9 cas/10 (7-137mL; > 10mL chez 8 cas), et son volume était significativement supérieur à celui des 30 contrôles sans détérioration précoce (P=0.047). De plus, sa topographie était congruente avec les fonctions neurologiques qui s'étaient détériorées. L'ensemble de ces résultats participe à une meilleure compréhension de l'évolution des lésions ischémiques aiguës en IRM de diffusion et offre des perspectives pour adapter la prise en charge individuelle afin d'améliorer le pronostic fonctionnel. |