Les rivalités économiques et commerciales entre les États-Unis et la Chine : la stratégie chinoise de l'approche indirecte
China-U.S. economic and commercial rivalries : the Chinese strategy of the indirect approach
par Caleb MOÏSE sous la direction de Thierry GARCIN
Thèse de doctorat en Sciences politiques
ED 262 Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion

Soutenue le lundi 21 septembre 2020 à Université Paris Cité

Sujets
  • Chine
  • Concurrence internationale
  • États-Unis
  • Relations économiques internationales
Le texte intégral n’est pas librement disponible sur le web
Vous pouvez accéder au texte intégral de la thèse en vous authentifiant à l’aide des identifiants ENT d’Université Paris Cité, si vous en êtes membre, ou en demandant un accès extérieur, si vous pouvez justifier de de votre appartenance à un établissement français chargé d’une mission d’enseignement supérieur ou de recherche

Se connecter ou demander un accès au texte intégral

Les thèses de doctorat soutenues à Université Paris Cité sont déposées au format électronique

Consultation de la thèse sur d’autres sites :

Theses.fr

Description en anglais
Description en français
Mots clés
États-Unis, Chine, Économie, Commerce, Interdépendance, Compétition, Rivalité, Guerre, Stratégie, Géostratégie, Puissance, Influence, Hégémonie
Resumé
Considérant la position selon laquelle les rivalités économiques entre les États-Unis et la Chine seraient à placer dans le cadre de ce qu'on appelle « le piège de Thucydide », la présente thèse s'interroge sur la dimension quasi « prophétique » de l'annonce d'une guerre « programmée » entre les deux pays. Selon cette vision, l'ascension chinoise se ferait au détriment des intérêts américains et serait essentiellement antagonique avec la survie de l'hégémonie américaine. Les compétitions économiques et commerciales de plus en plus vives qui agitent les relations entre les deux pays depuis une vingtaine d'années seraient à la fois le prélude et la matrice de la guerre à laquelle ils seraient irréversiblement « destinés ». Notre démarche consiste à questionner la portée fataliste de cette prédiction, et à postuler que, même si le cadre théorique dans lequel elle a été conçue lui confère une logique implacable, sa réalisation n'est pas indépassable dans le contexte de la stratégie chinoise. Nous montrons ainsi que les relations sino-américaines se distinguent et s'écartent du « piège de Thucydide » en ce que, au-delà même de la question de la sincérité de la posture pacifiste de la diplomatie chinoise, les dirigeants pékinois, de Deng Xiaoping à Xi Jinping, ont conçu, mis en œuvre et, progressivement, nourri une stratégie consistant à construire un cadre de relations avec les États-Unis où ces derniers trouvent des motifs suffisamment puissants pour être incités (ou séduits) à la coopération et découragés à l'idée de déclencher une guerre. C'est en ce sens que nous soutenons l'idée selon laquelle il y a dans la stratégie chinoise de l'approche indirecte une forme de 'transcendement' de la pensée réaliste américaine. En effet, alors que la logique de la pensée réaliste américaine suppose que les interdépendances économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis devraient inéluctablement conduire les deux États à entrer en guerre, la stratégie chinoise de l'approche indirecte entend dépasser ou surmonter la possibilité d'une telle guerre et conçoit les interdépendances économiques sino-américaines comme pouvant comporter une vertu irénique. De fait, dans les relations sino-américaines, la Chine ne cherche pas la puissance économique pour pouvoir entrer en guerre contre les États-Unis, mais elle conçoit sa puissance économique comme un moyen de construire ou d'approfondir des partenariats avec les États-Unis, et comme un important facteur de paix et de prospérité pour les deux pays et le reste du monde. Notre conclusion est que les craintes que suscitent les ambitions de l'Empire du Milieu n'arrêteront pas celui-ci dans sa marche vers la puissance. Certes la Chine tentera de dissiper certaines fausses perceptions générées par sa stratégie, mais elle continuera de s'inscrire dans ce difficile équilibre où elle affiche clairement sa détermination à tout faire pour consolider son statut de puissance prépondérante, notamment en Asie, tout en évitant toutes possibilités d'affrontement direct avec les États-Unis. Tant que les circonstances lui semblent favorables, la Chine fera tout pour se doter de plus en plus de capacités en vue de consolider l'indépendance de sa diplomatie et d'acquérir de plus en plus de prestige sur la scène internationale. Elle ne cessera ni les coopérations ni les compétitions avec les États-Unis. Et, tant que les deux pays trouvent leurs intérêts davantage dans les coopérations que dans l'affrontement, les compétitions leur seront bienfaitrices, et seront aussi un facteur de progrès pour toute l'humanité.