La migration des silences (Bulgarie-France) : de la mise en récit du non-dit de l'histoire communiste à son impossible transmission familiale
The migration of silences (Bulgaria-France) : storytelling of the unspoken from the communist history to its impossible family transmission
par Sophia SALABASCHEW sous la direction de Cécile CANUT
Thèse de doctorat en Sciences du langage
ED 180 Sciences Humaines et Sociales : Cultures, Individus, Sociétés

Soutenue le jeudi 30 novembre 2017 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Bulgarie
  • Historiographie marxiste
  • Migration
  • Transmission intergénérationnelle

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Mots clés
Migration, Récit de vie, Bulgarie, Histoire communiste, Silences, Non-dits, Censure, Transmission familiale
Resumé
Cette recherche se propose d'examiner, grâce aux outils et aux méthodes de l'anthropologie de la parole et de l'analyse discursive des récits de vie, la transmission des silences et des non-dits au sein de familles dont un membre est issu de la migration de la Bulgarie communiste. À partir d'un ensemble de récits de vie qui se composent de conversations avec les membres de douze familles dans lesquelles un des parents a émigré en France avant 1989, et d'une observation participante de trois années dans une classe de licence de bulgare à l'Inalco, les analyses s'organisent autour de trois axes de réflexion : les liens entre l'histoire socio-politique traversée et les histoires particulières vécues ; ceux entre la transmission et la réception d'une parole marquée par le silence ; ceux entre l'intégration d'un héritage oral et silencieux et l'extériorisation d'une performativité singulière. Outre les histoires familiales, des silences et des non-dits sont transmis par une génération élevée dans la censure et l'autocensure du régime totalitaire. Ce père ou cette mère ayant grandi dans un silence forcé, renvoie à ses enfants, à travers les récits de vie, bien plus que des mots et des paroles. Dans la première partie, une contextualisation historique de l'étude retrace la stratégie du silence dans l'idéologie communiste comme étant à l'origine de la difficulté à inscrire une histoire individuelle dans la grande Histoire. La seconde partie fait état de l'impact de l'expérience subjective du communisme bulgare sur le vécu du silence des parents dans leurs énonciations. Dans la troisième partie, l'étude se concentre sur les effets de ce silence parental sur la seconde génération qui perçoit des failles et des dissimulations dans les histoires reproduites elles-mêmes comme une épopée mythique familiale. Ce constat amène à la dernière partie qui démontre que pour répondre à ce silence, certains enfants vont agir dans leurs discours mais aussi au-delà de la parole, dans leur vie quotidienne. Certains tentent ainsi de performer ces silences pour transformer, par l'art et la création notamment, le poids d'un héritage oral et silencieux en richesse personnelle. Ce travail a pour but d'éclairer la façon dont les événements historiques vécus subjectivement conditionnent les récits de vie familiaux mais plus encore déterminent bien des manières de faire et de dire des enfants, constituant une seconde génération du silence qui n'a rien à perdre à le mettre en mots, et même à le crier haut et fort.