Grossesse pathologique, Rupture prématurée précoce des membranes, Hypnose, Thérapie psychocorporelle, Santé mentale périnatale, Impact psychologique, Expérience subjective, Essai contrôlé randomisé, Étude mixte

Contexte : Une grossesse pathologique représente une période de grande vulnérabilité psychique pour la femme, avec de nombreuses conséquences possibles pour elle et son foetus. Cette thèse s'intéresse à la rupture prématurée précoce des membranes (RPPM), complication qui survient dans environ 3% des grossesses et est à l'origine de 30% des naissances prématurées. Les thérapies psychocorporelles peuvent constituer une approche prometteuse dans cette situation clinique. Dans nos travaux préliminaires, nous avons effectué un état des lieux de l'utilisation de l'hypnose en période périnatale (Article 1) et avons investigué, à l'aide de deux revues systématiques de littérature, l'apport de l'hypnose pour l'expérience de l'accouchement (Article 2) et le vécu psychologique de la femme en période périnatale (Article 3). Bien que démontrée efficace pour l'accompagnement de la femme enceinte, l'hypnose n'a jamais été testée dans le domaine de la grossesse pathologique. Design et objectifs : l'étude principale HYPNOPROM est une étude mixte et randomisée, sur deux bras parallèles, évaluant l'impact de la RPPM sur le vécu psychologique de la femme, ainsi que l'effet d'une intervention brève par deux séances d'hypnose d'inspiration ericksonienne sur l'anxiété-état, ainsi que d'autres mesures (la dépression périnatale, l'anxiété spécifique à la grossesse, l'attachement périnatal, la douleur et l'expérience de l'accouchement). La partie qualitative explore le vécu subjectif de la RPPM de manière prospective. Méthodes : l'étude s'est déroulée durant le 3ème trimestre de grossesse et les mesures ont été effectuées à l'aide de questionnaires à quatre temps : deux en prénatal et deux en postnatal (au décours de l'accouchement et à un mois du postpartum). L'intervention d'hypnose pour le groupe expérimental s'est déroulée entre les deux premiers temps de mesure. Deux entretiens semi-directifs se sont déroulés à l'inclusion et à un mois du postpartum. Résultats : l'essai clinique étant toujours en cours de recrutement, nous présentons les résultats quantitatifs préliminaires au moment de l'inclusion (56 femmes), ainsi que ceux de la partie qualitative. Les résultats préliminaires quantitatifs confirment la vulnérabilité psychique des femmes traversant une RPPM, avec notamment la présence de symptômes anxieux pour deux tiers de nos participantes et de symptômes dépressifs pour un tiers de notre échantillon. L'attachement prénatal semble préservé pour nos participantes. Pour la partie qualitative, quinze entretiens prénataux et onze postnataux ont été inclus (Article 4), révélant une expérience subjective complexe pour les femmes, ainsi que pour leurs proches. Le vécu émotionnel oscille entre le choc initial, l'anxiété souvent massive et l'incertitude, jusqu'à l'acceptation et la résilience pour certaines femmes. Plusieurs facteurs sont déterminants comme la qualité de la relation aux soignants, le soutien perçu et l'ajustement du couple. L'intervention d'hypnose a été bénéfique pour la majorité des femmes, qui ont rapporté un sentiment de calme et de détente lors des séances, avoir davantage la capacité de se recentrer et se ressourcer durant l'accouchement et plus généralement durant cette période anxiogène. L'étude ancillaire est une étude qualitative qui porte sur la perception des sages-femmes de la grossesse pathologique et de leur rôle dans la prise en charge. Nous avons mené dix entretiens semi-directifs (Article 5). Les résultats de l'étude ancillaire relèvent l'intérêt d'une approche centrée sur la femme et d'une continuité des soins d'autant plus dans ce contexte de grande vulnérabilité pour la femme. Conclusion : L'ensemble des résultats de cette thèse souligne la nécessité de l'accompagnement psychologique des femmes vivant une RPPM, mais aussi de leurs proches. L'hypnose est une approche psychocorporelle qui s'avère bénéfique pour la santé mentale de la femme ainsi que pour son expérience de la grossesse dans ce contexte.