Regards croisés sur les scarifications adolescentes : une approche réflexive entre psychanalyse et sociologie
Intersecting perspectives on youth self-injury : a reflexive approach between psychoanalysis and sociology
par Adrien CASCARINO sous la direction de Isée BERNATEAU et de Maurice CORCOS
Thèse de doctorat en Psychologie. Psychanalyse
ED 450 Recherches en psychanalyse et psychopathologie

Soutenue le mercredi 09 décembre 2020 à Université Paris Cité

Sujets
  • Agressivité
  • Aspect psychologique
  • Automutilation
  • Chez l'adolescent
  • Image du corps
  • Interdisciplinarité dans les sciences sociales
  • Psychanalyse et sciences sociales
  • Recherche qualitative
  • Scarification

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Mots clés
Plasticité du corps
Resumé
Cette thèse étudie les réactions, représentations et affects provoquées par les pratiques de scarifications d'adolescents hospitalisés en psychiatrie. Elle s'appuie d'une part sur une analyse critique et historique de la littérature psychiatrique et psychanalytique et d'autre part sur une enquête de terrain ethnographique d'une durée de 9 mois dans une unité psychiatrique d'hospitalisation longue. Lors de cette enquête de terrain, 36 entretiens de recherche non directifs ont été menés avec des soignants, des patients et les parents de ces patients. Ces entretiens ont été enregistrés, retranscrits et analysés selon la méthodologie de la théorie ancrée.La représentation des patients qui se scarifient dans la littérature scientifique est très similaire aux ressentis exprimés par les soignants confrontés aux scarifications et s'articulent autour de quatre notions principales : le traumatisme, le déficit, le contrôle et l'agressivité. Plutôt que de localiser l'origine du ressenti provoqué par les scarifications uniquement au sein des patients (perspective plutôt psychologique), ou uniquement au sein des soignants (perspective plutôt sociologique), cette étude montre que ces ressentis sont provoqués par la rencontre entre un adolescent et un soignant autour des scarifications.Lorsqu'elle ne se limite pas à une répétition désincarnée, cette rencontre renvoie l'ensemble des protagonistes à un désir ambivalent de plasticité du corps au niveau intrapsychique et à une communication intime, parfaite et préverbale au niveau intersubjectif. Néanmoins, dans le même temps, la scène clinique des scarifications rappelle le manque et l'altérité de chacun des acteurs et surtout, la défaillance, angoissante et nécessaire, de « l'être-humain-proche ».Face au vacillement intrapsychique et intersubjectif provoqué par les scarifications, tant chez l'adolescent que le chez le supposé soignant, c'est l'existence d'espaces de réflexions et de discussions ainsi que la capacité de se montrer "suffisamment défaillant", bien plus que la croyance en une étiologie universelle et déficitaire, qui permet à la rencontre clinique de se transformer en zone de construction (inter)subjective plutôt qu'en terrain de lutte, d'emprise et d'assujettissement normatif.