Mots clés |
Sociologie du cinéma et de la réception, École de Francfort, Culture de masse, Pratique filmique, Cinéma allemand, Nouvelle vague allemande |
Resumé |
Notre travail de thèse de sociologie présente le passage du cinéma allemand en France depuis 1990, de sa sphère de production jusqu'à sa sphère de réception individuelle. Il mobilise les études sur la culture de l'École de Francfort ainsi que les apports de la sociologie de la réception, et s'appuie sur une enquête empirique menée auprès d'acteurs de la branche de production allemande et de spectateurs français. La production contemporaine est traversée par des mutations qui convergent pour générer un paysage cinématographique plus diversifié. L'apparition d'une voie médiane entre cinéma commercial et cinéma d'auteur, les « divertissements de qualité », principalement représentés par les films historiques à caractère authentique, favorise une reconnexion du cinéma allemand avec son public local et international. Les instances d'exportation déploient une nouvelle politique de visibilité polarisée autour de cette voie médiane, valorisée en tant que marchandise culturelle. La réputation du cinéma allemand auprès des distributeurs français est revalorisée, mais s'opère selon un mode conformiste qui tend à privilégier les motifs historiques et à exclure les comédies allemandes des écrans français. Cette orientation guide des horizons d'attente spectatoriels en termes de cinéma historique de qualité, crédible et fiable. Cette catégorisation de la germanité filmique mène alors au réinvestissement actif de visions du monde plus ou moins stéréotypées par rapport à l'Autre. Cette réception favorise en outre la matérialisation de phénomènes abstraits, liés à une expérience généralisée de l'altérité, entre germanité et universalité. |