L'adolescence mutilée : grammaires de la souffrance au Chili et en France
The mutilated adolescence : grammars of suffering in Chile and France
par Álvaro JIMÉNEZ MOLINA sous la direction de Alain EHRENBERG
Thèse de doctorat en Sociologie
ED 180 Sciences Humaines et Sociales : Cultures, Individus, Sociétés

Soutenue le mercredi 28 novembre 2018 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Adolescents -- Psychologie
  • Automutilation
  • Chili
  • France
  • Sociologie
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Mots clés
Automutilation, Adolescence, Souffrance, Émotions, Sociologie de la santé et maladie mentale, Chili, France
Resumé
Depuis la fin du XXe siècle, les pratiques d'automutilation (grattages, coupures et brûlures sur le tissu corporel) chez les adolescents sont devenues un problème important pour les institutions et les professionnels de santé mentale. Les « automutilateurs », ayant acquis une visibilité sociale, sont devenus l'une des figures contemporaines du sujet souffrant. De nombreuses études psycho-médicales ont fourni une analyse du pourquoi de cette pratique et des problèmes qui y sont associés (impulsivité, dépression, comportement suicidaire, etc.). Néanmoins, peu d'importance a été attachée à l'expérience vécue et à la vie ordinaire des adolescents, au langage qu'ils utilisent pour décrire leur souffrance, ainsi qu'aux représentations des soignants et leurs pratiques de soin. Cette thèse a pour objet l'étude des dimensions subjectives et socioculturelles des pratiques d'automutilation à l'adolescence. Quels sont les principaux changements dans les taxonomies et les explications étiologiques de l'automutilation ? Quelle est sa signification pour les adolescents et comment est-elle vécue dans leur vie quotidienne ? Quelles sont les représentations, les attitudes et les pratiques des professionnels de la santé mentale concernant ces phénomènes ? Pour répondre à ces questions, cette thèse est fondée sur une analyse de littérature secondaire et sur une enquête ethnographique, menée par observations et entretiens, dans des institutions de santé mentale à Santiago (Chili) et à Paris (France), auprès d'adolescents âgés de 12 à 19 ans (n=40) et de professionnels de la santé (n=51). Les différents niveaux d'analyse permettent de mettre en lumière la façon dont le « corte » [coupure] ou la « scarification » est devenue une pratique envisageable pour les adolescents, ses usages sociaux et la tonalité émotionnelle particulière qui lui est associé dans chaque société (« rabia » [colère] au Chili et « angoisse » en France). Si l'automutilation représente une forme de régulation émotionnelle, les récits des adolescents montrent qu'elle est simultanément une forme de régulation sociale, une stratégie paradoxale d'auto-soin qui permet de rendre continuité à la vie ordinaire face à des moments où l'individu se voit confronté au sentiment de perte de contrôle et à une expérience de crise de la capacité à agir. La thèse montre également les différences d'accent entre une perspective familialiste qui conçoit ce comportement comme le symptôme d'une « famille dysfonctionnelle » (Chili) et une perspective qui le conçoit comme une forme de « passage à l'acte » qui reflète les débordements des « états limites » (France). À partir d'une description des pratiques de soin, elle analyse les logiques culturelles des rituels thérapeutiques et les principales difficultés pour la gestion institutionnelle de l'automutilation. Sur la base d'une perspective comparative de singularisation par contraste, la thèse met en évidence les liens entre les systèmes de représentations collectives, de valeurs et de croyances, et une grammaire de la souffrance qui règle la manière dont les émotions et les diverses formes du mal-être sont exprimées, qualifiées et traitées dans deux sociétés individualistes.
Description en espagnol