Dignité, estime et mépris : enquête sur la dynamique quotidienne de la reconnaissance sociale dans une población de Santiago du Chili
Dignity, esteem and disrespect : An ethnographic research of social recognition dynamics in everyday life, at a población in Santiago, Chile
par María Soledad RUIZ JABBAZ sous la direction de Numa MURARD
Thèse de doctorat en Sociologie, démographie
ED 382 Economies, espaces, sociétés, civilisations : pensée critique, politique et pratiques sociales (Paris ; 2000-2019)

Soutenue le vendredi 15 mars 2019 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Conditions sociales
  • Droits économiques et sociaux
  • Estime de soi
  • Quartiers pauvres
  • Reconnaissance sociale
  • Santiago (Chili)
  • Ségrégation
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Mots clés
Ségrégation socio-spatiale, Reconnaissance sociale, Población, Quartier sensible, Estime, Droit, Santiago du Chili
Resumé
Cette thèse porte sur la forme que revêt la dimension de la reconnaissance sociale en jeu dans les relations sociales, au sein d'une población - ou quartier sensible, selon l'usage en France -, située à Santiago du Chili, dans une vaste zone de poblaciones similaires. Il s'agit d'un quartier au niveau socio-économique bas, fortement stigmatisé, au sein duquel l'absence de services et d'organismes de l'État est presque totale. Une telle configuration urbaine, qui se répète dans d'autres secteurs de la capitale, fait de Santiago l'une des villes les plus ségréguées d'Amérique latine. À cela s'ajoute le fait que, en conséquence du projet néolibéral implanté au Chili à partir des années 70, les politiques de sécurité sociale, d'éducation, de santé, de logement et de retraite sont fondées sur des logiques mercantiles, et les prestations sociales sont organisées en systèmes de qualité diverse selon la capacité de paiement des usagers. Prenant comme point de départ les définitions de la reconnaissance d'Axel Honneth, nous avons ancré nos recherches dans l'expérience vécue des pobladores. Ainsi, à partir d'une enquête ethnographique, l'objectif était de comprendre : Comment affrontent-ils au jour le jour la possibilité/impossibilité d'exercer leurs droits sur le plan du travail et de la santé ? Comment construisent-ils une position digne d'être valorisée en tant que parents, travailleurs et habitants d'une población ? Comment éprouvent-ils les diverses blessures morales, telles que le mépris et l'humiliation, dont ils peuvent être victimes (ou responsables) ? Enfin, quels sont les sentiments associés au mépris ressenti ? Ces dimensions sont étudiées tant à travers les relations sociales tissées entre les habitants du même quartier, que dans celles qui les lient aux institutions et aux acteurs sociaux externes. Les résultats de notre étude nous présentent un milieu social hautement normé et « surveillant de lui-même », où l'information sur les voisins circule très vite par le biais des commérages. L'un des aspects les plus importants de la vie quotidienne, à travers lequel on obtient de l'estime, est certainement la constitution d'une famille, à condition que l'on s'acquitte des tâches assignées au rôle à remplir. Si ce n'est pas le cas, la sanction sociale est très forte, plus encore envers les femmes. La deuxième dimension essentielle est celle du travail. Le fait d'être un travailleur/travailleuse dur à la tâche, et de savoir profiter des opportunités, constitue une autre grande source de fierté. Par rebond, tout échec d'un projet professionnel entraîne un sentiment prédominant : la honte. La honte opère alors comme une auto-dévalorisation, dans la mesure où la cause d'une telle situation est attribuée à la propre incapacité de la personne. Sur le plan de la santé, les pobladores doivent faire face à un système public aux ressources très limitées, dont les institutions les traitent en inférieurs, et où ils doivent se soumettre aux normes de fonctionnement et aux décisions des experts, indépendamment de la compréhension qu'ils en ont. Finalement, en tant qu'habitants d'un territoire stigmatisé, la ségrégation socio-spatiale et la stigmatisation alimentent un cercle constant de comparaisons, d'évaluations et de dévaluations à l'intérieur même du quartier, multipliant et reproduisant ainsi une série de différenciations et de frontières