Mots clés |
Médicament, Grossesse, Consommation, Pharmaco-épidémiologie, Médicament dangereux, Médicament recommandé, Vaccin |
Resumé |
En raison de besoins médicaux et malgré les drames sanitaires du passé, la consommation de médicaments pendant la grossesse est une réalité. Elle varie en fonction des pays et des régions. En France, la consommation de médicaments pendant la grossesse est l'une des plus importante au monde. Pour en apprécier l'importance, les études de pharmaco-épidémiologie fondées sur les bases de données médico-administratives sont un apport majeur. L'objectif de ce travail est de décrire l'état actuel de la consommation de médicaments chez la femme enceinte en France et son évolution depuis les dix dernières années, à partir du système national des données de santé (SNDS). Nous nous sommes appliqués à évaluer (i) la consommation de médicaments présentant un risque prouvé pour le foetus et l'enfant à naitre, et à l'inverse (ii) la couverture pour les médicaments recommandés au cours de la grossesse. Dans une première étude incluant plus de 5 millions de grossesses entre 2013 et 2019, nous rapportons une exposition à un médicament dangereux pendant les périodes critiques de la grossesse chez environ une femme pour vingt-cinq ; pour 0,92% à un médicament tératogène pendant la période périconceptionnelle, principalement aux rétinoïdes topiques (0,44%) ; et pour 2,99% des grossesses à un médicament foetotoxique pendant les deuxième ou troisième trimestres, principalement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens systémiques (1,28%) ou topiques (1,22%). Malgré une diminution des expositions depuis 2013, la consommation d'anti-inflammatoires reste préoccupante en 2019. Dans une seconde étude, nous analysons la consommation des médicaments recommandés parmi près de 9 millions de grossesses entre 2012 et 2022. Nous rapportons que 46,0% des grossesses sont exposées à l'acide folique, avec une association positive en cas de pathologie chronique et de niveau socio-économique élevé ; une supplémentation martiale est retrouvée chez 64,1% des grossesses, plus préférentiellement chez les femmes de plus de 40 ans et ayant un niveau socio-économique bas ; et une supplémentation en cholécalciférol chez 35,5% des grossesses, plus fréquemment en cas de niveau socio-économique élevé. Seuls 5,1% des grossesses ont bénéficié d'une vaccination antigrippale, avec une forte association en cas de niveau socio-économique élevé. Nous rapportons aussi les données sur la vaccination contre la coqueluche depuis le début de sa recommandation en France en avril 2022. En incluant 1 259 272 grossesses, nous rapportons une vaccination pour 32,3% des femmes enceinte en soulignant que la couverture vaccinale contre la coqueluche a été multipliée par 2 au cours des 12 derniers mois pour atteindre 52,3% en mars 2024. Les prescriptions proviennent à 43% du secteur hospitalier et à 57% du secteur libéral : des sages-femmes (26%), des gynécologues (19%) et des médecins généralistes (10%). En synthèse, nos travaux rapportent une consommation de médicaments dangereux non négligeable et une couverture imparfaite, quoiqu'en amélioration, pour les médicaments recommandés pendant la grossesse. Les sujets d'inquiétude restent la consommation persistante d'anti-inflammatoires non stéroïdiens, et la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière qui reste très faible. La principale force de ces travaux tient à la quasi-exhaustivité des grossesses identifiées au niveau national. La principale faiblesse réside dans l'absence de données sur l'exposition aux médicaments en vente libre ou non remboursés. Pour conclure, l'ensemble de nos travaux montre que le SNDS permet d'apporter des connaissances importantes sur la consommation pendant la grossesse. Ces connaissances pourraient guider des politiques de santé publique pour améliorer la consommation des médicaments chez la femme enceinte. |