Mots clés |
Covid-19, Psychiatrie, Epidémiologie, Dépression, Anxiété, COVID long |
Resumé |
Introduction Les troubles psychiatriques sont fréquents après un épisode de COVID-19. Leurs caractéristiques sont pour l'instant mal connues, rendant leur dépistage et leur traitement difficiles. Dans la première partie de ce travail, nous étudierons les facteurs de risque de ces pathologies parmi les comorbidités non psychiatriques présentes avant le COVID-19. Dans une deuxième partie, nous développerons la recherche de facteurs prédictifs de leur survenue au sein d'un ensemble de marqueurs de sévérité de l'infection COVID-19 aigüe. Enfin, dans une troisième partie, nous étudierons l'association des troubles psychiatriques post-COVID avec le syndrome de COVID long. Méthodes Nous avons travaillé d'une part avec la cohorte COMEBAC, prospective et monocentrique, comprenant 478 patients hospitalisés à l'hôpital Bicêtre pour COVID-19 contactés 4 mois après leur hospitalisation et évalués de manière standardisée. Nous avons d'autre part étudié la cohorte EDS-PSYPOSTCOVID de l'Entrepôt de Données de Santé de l'AP-HP comportant les dossiers électroniques de 34489 patients hospitalisés pour COVID-19. Résultats En ce qui concerne les comorbidités préexistantes au COVID-19, nous avons montré que, parmi les comorbidités non psychiatriques, seul le diabète de type 2 était un facteur de risque de nouveaux troubles dépressifs post-COVID (OR = 2.52, IC95%[1.19-5.31]). Concernant les marqueurs de sévérité du COVID-19, la durée d'hospitalisation (HR=1.72, IC95%[1.59-1.86]), la présence d'un état confusionnel (delirium) (HR=1.49, IC95%[1.28-1.74]) et d'une monocytose (HR=1.14, IC95% [1.06-1.23]) durant la phase aigüe de l'infection sont prédictifs des nouveaux troubles psychiatriques post-COVID. En outre, le score construit à partir de ces trois variables prédit la survenue de nouveaux troubles psychiatriques dans l'année suivant l'infection COVID-19, en particulier chez les femmes de moins de 65 ans (AUC=0.68, IC95%[0.64-0.73]), chez qui son utilisation permet de les détecter avec une probabilité 7 fois plus élevée que le hasard. Enfin, dans les suites de l'épisode aigu de COVID-19, nous avons montré que les troubles psychiatriques sont associés au syndrome de COVID long, en particulier aux plaintes respiratoires (OR=4.30; IC95% [1.71-10.70]) et cognitives (OR=2.63; IC95% [1.03- 6.73]). Conclusion Nos résultats permettent d'améliorer la caractérisation et la détection des troubles psychiatriques post-COVID. Des nouveaux travaux sont nécessaires pour déterminer la spécificité de ces résultats, les mécanismes physiopathologiques en jeu dans la survenue des troubles psychiatriques post-COVID et leurs liens avec le syndrome de COVID long. |