Une enquête philosophique sur les modèles animaux : des questions fondamentales à la modélisation et aux traitements des pathologies psychiatriques
A philosophical investigation of animal models : from fundamental questions to the modeling and treatment of psychiatric disorders
par Héloïse ATHÉA sous la direction de Denis FOREST et de Nicolas HECK
Thèse de doctorat en Sciences cognitives, psychologie, linguistique, philosophie de la pensée
ED 474 Frontières de l'Innovation en Recherche et Education

Soutenue le mardi 26 novembre 2024 à Université Paris Cité

Sujets
  • Dépendance (physiologie)
  • Épistémologie
  • Expérimentation animale
  • Hallucinogènes
  • Modèles animaux
  • Murins
  • Philosophie des sciences
  • Psychiatrie et philosophie
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Mots clés
Modèles animaux, Modèles scientifiques, Modèles murins, Épistémologie, Philosophie des sciences, Philosophie des neurosciences, Philosophie de l'expérimentation, Philosophie de la psychiatrie, Addiction, Psychédéliques
Resumé
Au cours des dernières décennies, les modèles animaux non humains ont permis de mettre en évidence une grande quantité de cibles pharmacologiques dans beaucoup de domaines thérapeutiques différents. Malheureusement, leur utilisation en clinique humaine n'a pas donné les résultats escomptés : tous domaines thérapeutiques confondus, neuf médicaments candidats sur dix échouent au cours des essais cliniques et de l'autorisation de mise sur le marché, cette probabilité étant encore plus élevée pour les médicaments qui concernent le système nerveux. Ces résultats décevants peuvent être expliqués par au moins deux facteurs : soit ce sont les essais cliniques qui n'ont pas permis de détecter les effets de ces nouveaux médicaments, soit ce sont les modèles animaux qui n'ont pas permis d'évaluer correctement l'efficacité clinique des traitements. Dans le second cas, les modèles animaux peuvent modéliser la pathologie de manière partielle ou erronée, ce qui signifie qu'il faudrait affiner les modèles animaux eux-mêmes, les protocoles expérimentaux qui y sont associés et les concepts employés lors de l'interprétation des résultats. C'est à ce deuxième aspect que je m'intéresse au cours de ce travail. En particulier, mon objectif est de proposer des outils conceptuels à destination de la communauté scientifique pour évaluer et analyser ces modèles et les connaissances qu'ils nous permettent de produire, avec l'espoir de contribuer à leur amélioration. Afin d'atteindre cet objectif, j'adopte une approche qui se situe à l'intersection des neurosciences et de la philosophie, et structure mon travail autour de trois questions clés. D'abord, une question générale qui s'inscrit dans le contexte de l'épistémologie des modèles : quelles sont les spécificités épistémiques et pratiques de la modélisation animale par rapport aux autres modèles scientifiques ? A partir de ces spécificités, et en m'inspirant de ce qui a été proposé pour des modèles particuliers, je propose un ensemble inédit de critères de validité, applicables en principe à tous les modèles animaux. Par la suite, je montre que ces concepts généraux sont appropriés pour décrire des cas particuliers. Mon premier cas d'étude est un modèle issu du domaine de la neuropharmacologie : un modèle rat d'addiction influent, le modèle des trois critères. Ses auteurs affirment qu'ils auraient réussi à produire de véritables « rats addicts », montrant par-là que l'addiction ne serait pas un phénomène spécifiquement humain. Ainsi, la deuxième question qui m'occupe est la suivante : quels sont les arguments expérimentaux et logiques qui soutiennent le modèle des trois critères, et sont-ils justifiés ? Dans cette étude comme dans d'autres travaux de recherche visant à modéliser des pathologies, les objectifs épistémiques ne sont jamais loin de celui de l'amélioration thérapeutique : en comprenant la pathologie ou les mécanismes des traitements qui fonctionnent déjà en clinique, on espère pouvoir développer de nouvelles pistes thérapeutiques par le biais de ces modèles animaux. C'est pourquoi, je termine ce travail en examinant la manière dont ces modèles peuvent nous permettre de développer des pistes thérapeutiques prometteuses. Je prends cette fois pour exemple un modèle murin comportemental des effets psychédéliques - des substances prometteuses pour traiter l'addiction, sans que l'on sache encore expliquer leurs effets. Une hypothèse en vogue est que l'expérience psychédélique subjective serait en elle-même cruciale pour obtenir des effets thérapeutiques. Les modèles comportementaux disponibles, basés essentiellement sur la mesure de comportements non spécifiques, étant très rudimentaires, la dernière question à laquelle je tente de répondre est : quel modèle murin élaborer dans un contexte thérapeutique où l'expérience psychédélique subjective semble centrale ?