Mots clés |
Mémoire spatiale, Émotions, Points de repère, Représentations spatiales, Affects, Saillance, Navigation |
Resumé |
L'importance des points de repère dans l'orientation et la représentation des lieux en mémoire est largement documentée dans le domaine de la cognition spatiale. Ainsi, de nombreux travaux ont cherché à identifier les caractéristiques visuelles et contextuelles qui permettent aux points de repère d'aider les individus à se repérer dans leur environnement. Cependant, malgré les multiples indices suggérant que les émotions peuvent impacter la cognition spatiale, le rôle des caractéristiques émotionnelles des points de repère a longtemps été négligé. Cette thèse a pour objectif d'étudier les émotions que les individus associent aux points de repère et de déterminer leur impact sur la construction des représentations spatiales. Au travers de trois contributions empiriques, nous avons cherché à préciser l'influence des points de repère émotionnels sur la cognition spatiale. Une première étude par questionnaire a permis de confirmer l'existence d'une composante émotionnelle parmi les points de repère utilisés spontanément par les individus lors de leurs trajets quotidiens. Pour cela, nous avons demandé à un large échantillon de participants de reporter les points de repères utilisés lors d'un trajet réalisé fréquemment et d'en évaluer la teneur émotionnelle (considérée en termes de valence et d'éveil, tel que proposé par les modèles dimensionnels). Les résultats indiquent que la majorité des points de repère reportés portent une signification émotionnelle et que celle-ci est généralement positive. Différents profils de points de repère peuvent également être distingués selon leur nature et les émotions qui leurs sont associés. Dans deux autres études, nous avons précisé les effets respectifs des dimensions émotionnelles d'éveil et de valence des points de repère sur la construction des connaissances spatiales de type trajet et survol. Les participants devaient visionner un itinéraire piéton dans un environnement urbain virtuel contenant des points de repère matérialisés par des images émotionnelles variant en termes de valence et d'éveil. Les résultats obtenus suggèrent un effet de ces deux dimensions sur la construction des connaissances de type trajet avec une influence bénéfique des points de repère positifs et un effet délétère des points de repère fortement éveillants. Dans une dernière expérience, nous avons cherché à clarifier cette influence des émotions associées aux points de repère en différenciant leurs effets selon qu'elles soient suscitées directement par les points de repère ou par un évènement se produisant lors de leur rencontre. Pour cela, nous avons fait parcourir à nos participants un trajet dans un environnement virtuel comprenant des bâtiments associés à une description variant en termes de valence (positive vs. neutre) et de contenu (lié au point de repère vs. évènement se produisant à proximité) et testé leurs connaissances spatiales. Les résultats ne permettent pas de mettre en évidence un effet de la valence des points de repère sur les représentations spatiales mais confirment l'impact délétère de l'éveil. De plus, l'influence de la valence émotionnelle des points de repère sur les connaissances spatiales ne peut être attribuée à une modulation de leur saillance cognitive. En conclusion, ces études ont permis de préciser la nature des émotions associées aux points de repère et leurs effets sur la formation des représentations spatiales. L'intérêt et les limites de ces études sont discutés en considérant la multiplicité des mécanismes mobilisés dans la littérature pour rendre compte de ces effets et le manque de clarté en résultant. De plus, leurs limites méthodologiques sont discutées et mises en regard des questions de validité écologique. |